Retenue captive dans la ville de Kazan, dans la province d’Ankara, depuis trois ans, Rojda* [“ aurore”, en kurmandji, un des principaux dialectes kurdes], 23 ans, a été libérée par ses ravisseurs de l’organisation État islamique (EI) en contrepartie du versement par sa famille, établie au Canada, d’une rançon de 8 000 dollars.

Sa libération a eu lieu dans un quartier isolé d’Ankara, où elle a été récupérée par des émissaires désignés par sa famille. Son état de santé ne lui permettant pas de voyager immédiatement, elle a d’abord été brièvement soignée. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir quinze minutes avec elle, avant son départ définitif de Turquie.

Lors du massacre de Sinjar, en 2014 (lire ci-contre), Rojda a été kidnappée en même temps que sa mère et trois de ses sœurs. Elles ont d’abord été retenues dans un même endroit, avant d’être séparées. Pendant deux ans, Rojda est vendue et achetée de nombreuses fois par des membres de l’organisation djihadiste, d’abord dans la ville de Mossoul, en Irak, puis à Raqqa, en Syrie. Durant toute sa captivité, en plus des viols, elle est aussi victime de la violence des femmes des djihadistes.

Alors qu’elle était entre les mains d’un de ses tortionnaires, lors d’un voyage entre les villes de Raqqa et de Mayadine, en Syrie, Rojda tente de se donner la mort en se jetant du pick-up de son ravisseur, qui conduisait à grande vitesse. Elle est écrasée par la voiture qui les suivait, et ses deux jambes sont fracturées à de multiples endroits. Elle est envoyée dans une maison de soi