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Essais cliniques : l'IHU de Didier Raoult coupable de «graves manquements»

L’ANSM a incriminé des essais réalisés dans l’IHU sans avoir obtenu au préalable l’avis obligatoire d’un comité indépendant. [Nicolas TUCAT / AFP]

Didier Raoult de nouveau dans le viseur des autorités sanitaires. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a dénoncé ce mercredi 27 avril de «graves manquements» liés à des essais cliniques menées à l’IHU de Marseille sous la direction du professeur, annonçant une remise en ordre du service et une nouvelle saisine de la justice.

Après avoir annoncé mercredi dernier lors d’une conférence de presse une série de plaintes déposées au pénal pour défendre son «honneur», Didier Raoult a été mis en cause par l’ANSM ce mercredi pour sa gestion de l’institut hospitalo-universitaire.

«Les règles éthiques n'ont pas été systématiquement respectées, ne permettant pas d'assurer la protection des personnes à un niveau suffisant», a expliqué l’ANSM dans un communiqué ce mercredi, après une enquête menée fin 2021 au sein de l’IHU de Marseille (Bouches-du-Rhône).

L’ANSM a incriminé des essais réalisés dans l’IHU sans avoir obtenu au préalable l’avis obligatoire d’un comité indépendant, ni parfois le consentement de tous les patients examinés. Elle a notamment cité le cas de prélèvements rectaux réalisés au début des années 2010 sur des enfants atteints de gastro-entérite, dont le consentement des parents n’avait pas été recueilli pour des dizaines d'entre eux.

Une réponse organisationnelle et judiciaire

La première action proposée par l’ANSM a été de faire interrompre les essais entamés irrégulièrement et d’imposer «des actions correctives et préventives» pour remettre en bon ordre les recherches à l'IHU. Avant sa mise en place, une procédure contradictoire avec l’IHU et les hôpitaux de Marseille (AP-HM), également mise en cause dans l’affaire, devra être instaurée par l’ANSM.

La seconde réponse de l’ANSM a été de saisir de la justice, comme elle l’avait déjà fait en automne dernier. Au-delà des essais menés sans autorisation, l’ANSM a reproché à l’IHU de lui avoir fourni un faux document pour justifier le lancement de l'une des recherches incriminées.

Pas de procédure sur le dossier tuberculose

Décrié depuis quelques années, le dossier sur l'expérimentation par l'IHU de traitements supposés lutter contre la tuberculose, qui auraient provoqué de graves effets secondaires, n’a pas été inclus dans les procédures engagées.

L’ANSM a considéré que cette expérimentation ne représentait pas un essai clinique en tant que tel et n’a donc pas jugé opportun d’intervenir à ce sujet.

Didier Raoult se défend

Dans un communiqué publié ce mercredi, le professeur marseillais a remis en cause deux accusations portées par l’ANSM. La première étude pointée du doigt avait été «autorisée en 2009 par la direction de l’AP-HM dans le service du Pr. Jouve», selon Didier Raoult. Ce dernier a aussi détaillé un point soulignée par l’ANSM sur «une étude concernant des écouvillons d’auto prélèvements» en donnant des éléments concrets.

Le directeur de l’IHU de Marseille s’est aussi félicité de la décision de l’ANSM de ne pas poursuivre les procédures concernant l’affaire de la tuberculose, largement médiatisée après l’enquête interne de l’AP-HM et de Médiapart il y a quelques mois. Didier Raoult a finalement conclu son écrit en indiquant que «ces reproches ne nous paraissent pas justifier une remise en cause du projet IHU dans son ensemble».

Pour rappel, Didier Raoult a annoncé qu’il quitterait son poste de directeur de l’IHU de Marseille en septembre prochain.

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