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Biodiversité : 40 % des terres du globe sont « endommagées »

La dégradation des sols s'accélère sous le coup de la déforestation et de l'urbanisation, pointe un rapport des Nations unies. Ses experts redoutent de voir 16 millions de km 2 de terres endommagées en plus d'ici à 2050. L'équivalent de la superficie de l'Amérique du Sud.

L'Afrique subsaharienne est, avec l'Amérique Latine, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, la région du globe où la fertilité des sols devrait le plus reculer en raison, notamment, du manque d'eau et des risques de sécheresse aggravée.
L'Afrique subsaharienne est, avec l'Amérique Latine, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, la région du globe où la fertilité des sols devrait le plus reculer en raison, notamment, du manque d'eau et des risques de sécheresse aggravée. (Jane Hahn/REDUX-REA)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 27 avr. 2022 à 15:00Mis à jour le 27 avr. 2022 à 15:27

A un peu plus d'une semaine de la tenue à Abidjan (Côte d'Ivoire) de la quinzième COP sur la désertification, « la petite soeur » des COP sur le climat et sur la biodiversité, le message lancé ce mercredi par l'ONU est glaçant. Jusqu'à 40 % des terres émergées sont endommagées et la moitié de l'humanité en souffre, avertissent ses experts dans un rapport fleuve, le deuxième du genre depuis 2017, sous le titre « Global Land Outlook » .

Un patrimoine naturel dont la valeur économique, estimée à 44.000 milliards de dollars, équivalente à plus de la moitié du PIB mondial, continuera de fondre tant que la situation perdurera sur plusieurs fronts. Ceux de l'urbanisation, de la déforestation, des pratiques agricoles et alimentaires actuelles qui, à défaut d'évoluer, entraîneront d'ici à 2050 la dégradation de 16 millions de km2 de terres, une superficie proche de celle tout le sous-continent sud-américain.

Un enjeu climatique fort

Ce n'est pas tout. Si la communauté internationale ne bouge pas, ce sont également 69 gigatonnes de CO2 supplémentaires (chiffre à rapprocher des 36,4 gigatonnes émises l'an dernier au niveau mondial) qu'il lui faudra gérer. Et en plus de séquestrer beaucoup moins de carbone, les terres dégradées vont perdre en fertilité. Suffisamment pour compromettre les perspectives de hausse du rendement agricole qui sont attendues dans les pays en développement.

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L'explosion de la demande alimentaire mondiale (une augmentation de 45 % est attendue entre 2015 et 2050) tirée par la croissance démographique devrait se traduire par le défrichage et la mise en culture de 3 millions de m2 d'espaces, soit la surface de l'Inde. Cette perte potentielle de biodiversité sera essentiellement ressentie en Afrique subsaharienne (Sahel) et en Amérique latine, les mêmes régions du globe, avec le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où la fertilité des sols devrait le plus reculer en raison, notamment, du manque d'eau et des risques de sécheresse.

Ce scénario peu réjouissant n'est pas inéluctable. Le rapport des Nations unies lui en oppose deux autres, à rebours des tendances qui se profilent si l'immobilisme perdure. Le premier, celui de la « restauration » repose sur la reconquête de 50 millions de km2 (35 % de la superficie terrestre mondiale) d'ici à 2050, en développant l'agroforesterie, en adaptant la gestion des pâturages et en accompagnant la régénération naturelle des sols.

Un scénario optimiste

L'objectif est tenable. En 2021, plus de 155 pays se sont déjà engagés à restaurer 10 millions de km2 (l'équivalent de la superficie du Kazakhstan) d'ici à 2030, dans le cadre d'un des 17 Objectifs de développement durable (ODD) définis par l'ONU . Selon ses experts, l'application de ce scénario « permettrait d'accroître les rendements agricoles entre 5 % et 10 % dans la plupart des pays en développement » d'ici 2050 et de maintenir dans les sols 17 gigatonnes de carbone.

Le troisième et dernier scénario est le plus ambitieux. En plus de restaurer les sols dégradés, il s'appuie sur la mise en oeuvre massive de mesures de protection des sols sur la moitié de la surface terrestre. Ses promoteurs tablent également sur le déploiement d'aires naturelles protégées sur 4 millions de km2 (l'équivalent de l'Inde et du Pakistan réunis). Le tout en permettant à l'agriculture de se développer à un rythme de croissance nettement supérieur à ce que devrait être la demande alimentaire en 2050 et en limitant considérablement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Avec ce scénario, c'est en effet l'émission de pas moins de 83 gigatonnes de CO2 qui pourrait être évitée d'ici 2050.

Joël Cossardeaux

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