vendredi 29 mars 2024

Institution Jean-Paul II : plainte pour agression sexuelle contre l’ancien directeur de l’internat

Déjà condamné en 2016 pour agression sexuelle, un ancien surveillant de l’Institution Jean-Paul II, Philippe Mathieu fait aujourd’hui l’objet d’une seconde plainte. Le début d’un scandale de plus grande ampleur ?

Par Fabrice Alves-Teixeira
L’institution Jean-Paul II a-t-elle confié les clefs de son internat à un prédateur sexuel de 1992 à 2002 ? Une seconde plainte vient d’être déposée contre Philippe Mathieu, ancien surveillant, six ans après sa condamnation pour agression sexuelle sur un mineur – Crédit : Google Maps

Philippe Mathieu, surveillant de l’internat de l’établissement catholique Jean-Paul II (alors nommée «institution Guynemer») de 1992 à 2002, fait l’objet depuis le 18 avril d’une seconde plainte, six ans après avoir été condamné en 2016  pour agression sexuelle sur mineur. C’est le journal Le Parisien qui révèle l’affaire. La plainte porte sur des faits qui se seraient produits entre 1993 et 1994. Le directeur de l’internat était alors âgé d’une quarantaine d’années.

«Il me disait que c’était notre jardin secret»

Le journal a interrogé l’auteur de la plainte, un homme de 40 ans qui vit désormais dans le sud de la France. Il raconte comment, à l’occasion de rencontres et de discussions récentes, il s’est souvenu d’agressions sexuelles jusqu’ici inconsciemment refoulées. Tout aurait commencé une nuit où l’adolescent aurait chuté de son lit superposé. Se blessant à la tête, il serait allé voir le directeur de l’internat. À la suite de cet événement nocturne, Philippe Mathieu aurait pris l’habitude de réveiller l’enfant en pleine nuit pour l’emmener dans sa chambre et lui imposer caresses ou des fellations. La victime évoque également des viols. «Il me disait que c’était notre jardin secret», raconte aujourd’hui l’ancien élève de l’institution.

En 2015 il était passé aux aveux

En 2015, lorsqu’il avait été arrêté à la suite des premières accusations, l’homme était passé aux aveux, expliquant «être tombé dans le piège» de la solitude, invoquant «un manque sexuel».

Alors que le directeur de l’Internat «s’entourait d’élèves de 6e et de 5e» qui venaient parfois «passer le week-end ou les vacances chez lui à Rémy», relate Le Parisien, on craint désormais l’explosion d’un scandale de plus grande ampleur, non pas limité à une ou même deux affaires. À l’époque, le parquet de Compiègne n’avait pas ouvert d’information judiciaire. Cela aurait pu permettre de retrouver d’autres éventuelles victimes, comme l’homme qui vient de porter plainte.

En 2016 le tribunal correctionnel de Compiègne avait condamné Philippe Mathieu à deux ans de prison avec sursis et à un suivi sociojudiciaire de trois ans. Il avait enfin été interdit d’exercer toute activité en lien avec des mineurs.


En 2016, décrit comme un «prédateur sexuel»

Lors de son procès en 2016, Philippe Mathieu, absent à la barre, n’est pas là pour entendre le portrait que l’on dresse de lui. D’abord celui d’un opportuniste qui avait soigneusement sélectionné sa victime : «Ce que l’on comprend à la lecture du dossier, c’est qu’il savait que vous aviez des difficultés de communication avec votre père», résumait le président du tribunal devant la victime. La victime semblait avoir été choisie parce qu’elle avait «des difficultés de communication de son père», expliquait encore le juge, précisant : «Il s’est servi de ça pour approcher sa victime et créer une sorte de dépendance affective».

Philippe Mathieu est aussi décrit comme quelqu’un qui avait su amadouer sa victime. Le garçon de l’époque était «tombé sous le charme» du surveillant, expliquait le juge. Le garçon retrouvait l’homme «parfois le soir» puis «les choses ont dérapé» exposait le tribunal qui détaillait : «Il y a d’abord eu des baisers et un comportement sexuel. Mais jamais de pénétration ni de fellation». La victime «était sous son emprise» dira la procureure.

Philippe Mathieu s’était défendu lors de son audition en évoquant une «initiation». «Ça montre bien sa dangerosité», estimera le parquet le dépeignant comme un «prédateur sexuel».

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