Les trois quarts des moineaux de Paris ont disparu

Des moineaux parisiens ©AFP - KENZO TRIBOUILLARD
Des moineaux parisiens ©AFP - KENZO TRIBOUILLARD
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Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), trois moineaux sur quatre ont disparu à Paris, entre 2003 et 2016. Un déclin vertigineux.

Il est le plus connu, le plus familier, le plus symbolique de nos grandes villes, à égalité peut-être avec le pigeon. Casanier, sédentaire, il a fait sien les mondes urbains. Et Maintenant ? Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), trois moineaux sur quatre ont disparu à Paris, entre 2003 et 2016. Un déclin vertigineux. Or il est vrai qu’on les entend de moins en moins pépier dans les rues des grandes villes, notamment de Paris.

Les piafs de Paris ne font pas exception. À Londres, une tendance similaire, amplifiée, a été constatée dans les années 80 et 90, avec une chute de 92%. Des effondrements similaires ont été observés à Amsterdam, à Prague et dans d’autres villes d’Europe. Philippe Maintigneux, l’un des responsables du suivi de la population de moineaux pour la LPO Ile-de-France, nous explique qu’aux premiers ans du recensement, Paris faisait figure d’exception.

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Dix ans plus tard, nouveau recensement : c’est là que l’association réalise que le nombre de moineaux a chuté de trois quarts. Alors, comment l’expliquer ? Première raison, la disparition des sites de nidification. C’est-à-dire les cavités, les aspérités, les trous et recoins qu’abritent les immeubles. Or, ces dernières années, nombre d’entre eux, dans de multiples quartiers de Paris, ont été rénovés, ravalés, lissés. Diminuant leur capacité à accueillir des moineaux.

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Deuxième raison : l’appauvrissement des ressources alimentaires. Notamment des insectes, qui servent à nourrir la progéniture des passereaux et des graines, qui diminuent avec la raréfaction des plantes sauvages dans la capitale, comme le pissenlit, le trèfle ou l’avoine dorée. Habitat et nourriture : deux raisons qui expliquent d’ailleurs la proximité, le lien précieux, que les moineaux ont tissé avec les humains.

En comparaison, les mal-aimés sont les pigeons. À Paris, ils seraient 23.000. Parfois surnommés les "rats volants", ils sont associés à des nuisances ; leurs "nourrisseurs" sont même passibles d’une amende. Giuseppe Belvedere, le plus célèbre d’entre eux, figure du quartier de Beaubourg, surnommé "monsieur Pigeon", "l’homme au 1000 pigeons", SDF des années durant, est décédé au début de l’année. Il aimait aussi les moineaux… Mais revenons à eux, justement, les moineaux : quels autres leviers faut-il actionner pour les sauver ?

Dans trois arrondissements de la capitale, la ville de Paris - en partenariat avec la ligue de protection des oiseaux - vient de mettre en place des "quartiers moineaux". 13e, 14e et 18e arrondissements, qui abritent déjà des colonies de moineaux, accueilleront des nichoirs et des distributeurs de graines. Dans le même temps, les espaces verts seront gérés de façon plus naturelle, les prairies seront moins fauchées avant la fin de l’été, pour que les plantes puissent donner des graines et des fleurs. "Si tous les oiseaux qui ont chanté au ciel de mai. Si tous ces oiseaux pouvaient un jour nous raconter, Les Compagnons de la chanson le savent, Messieurs les poètes, ce serait la fête."

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