Partager
Femmes

Femzine, l'exposition qui lève le voile sur la BD féministe

À l'occasion du "Pulp", festival de bande dessinée de la Ferme du Buisson, du 8 avril au 15 mai l'exposition Femzine retrace le combat féministe dans la BD depuis les années 1970.

réagir
Dès 1970, les femmes activistes s’inscrivent dans les luttes à travers la bande dessinée.

Neuf autrices ont imaginé une couverture que la revue Ah!Nana aurait pu publier aujourd’hui, si elle avait survécu à la censure.

Caroline Sénécal
Dès 1970, les femmes activistes s’inscrivent dans les luttes à travers la bande dessinée.
Femzine, l'exposition qui lève le voile sur la BD féministe
Caroline Sénécal
00:00 / 00:00

Un gigantesque clitoris rose en guise d’arche de bienvenue, des bonbons-clito en libre service à l’entrée: le ton de Femzine est donné. Au cœur de l’ancien complexe agricole transformé en centre culturel, l’exposition met à l’honneur la bande dessinée féministe à la Ferme du Buisson, du 8 avril au 15 mai 2022 à Noisiel (Marne-la-Vallée).

Dans une ambiance tamisée où seuls des projecteurs roses éclairent leur chemin, les visiteurs sont invités à gravir les marches d’un couloir entièrement tapissé d’anciens extraits de fanzines féministes. Cette sélection de petits magazines imprimés, distribués librement et réalisés par des auteurs indépendants, abordent la réappropriation du corps des femmes.

Violences conjugales, sexisme, transidentité, égalité des genres… Si ces revues semblent coller à l’actualité et aux problématiques d’aujourd’hui, ne vous méprenez pas: elles retracent le combat féministe dans la BD au cours des années 1970! “Les sujets et les fondamentaux du féminisme de 2022 sont tous représentés, souligne Emilie Fabre, commissaire de l’exposition. Les articles n’ont pas pris une ride.” De Wimmen’s Comix, le premier comics underground réalisé entièrement par des femmes, à la revue Ah!Nana, les autrices des années 1970 souhaitaient mettre fin à leur invisibilité dans la bande dessinée.

Ah!Nana, “fait par” et pour des femmes

“Ne vous étonnez point de découvrir en une seule fois autant de dessinatrices”. Avec cette référence au recensement “officiel” des dessinatrices en France de 1976, alors au nombre de 50, l’édito du premier numéro de Ah!Nana dénonce déjà le manque de représentativité des femmes dans la BD. Rien que dans l’exposition Femzine, vous pouvez découvrir le travail engagé de 203 autrices. 

Dès sa création, cette revue féministe se revendique d’être réalisée entièrement par des femmes et pour des femmes. Mais aujourd’hui encore, Ah!Nana reste méconnue du grand public. Et pour cause: seulement huit numéros ont pu paraître entre 1976 et 1978. Dès le neuvième, une commission de “contrôle et surveillance” (loi 49-956, du 16 juillet 1949) exerce la censure sous prétexte de protection de la jeunesse. Elle juge ce numéro consacré à l’inceste “pornographique”.

La revue n’a plus le droit de figurer en librairie, mais uniquement dans le rayon pornographie des kiosques de presse. “Cet acte de censure reste particulièrement discriminant envers une publication dirigée par des femmes, précise la commissaire de l’exposition. A l’époque, son contenu n’est pas plus provocateur que celles réalisées par des hommes, souvent très violentes.”

Dans cette idée, le commissariat Alberto Prod. à l’initiative de l’exposition Femzine, a demandé à neuf autrices d’imaginer une couverture qu’Ah!Nana aurait pu publier aujourd’hui, si le magazine avait survécu à la censure. Parmi elle, Chantal Montellier, ancienne dessinatrice dans la revue. Devant ce face à face de créations que plus de quarante années séparent, les problématiques restent les mêmes: les interdits des femmes et les marquages du schéma patriarcal demeurent. Cependant, le ton change. Dans les années 1970, les couvertures et les thèmes se trouvaient abordés sous couvert de l’humour. L’expression des neufs autrices contemporaines se veut plus frontale: les luttes sont traitées de manière réaliste, sous forme de témoignages et sans détour. “Si la bande dessinée reste encore un milieu majoritairement masculin aujourd’hui, nuance Emilie Fabre, les autrices parviennent peu à peu à se faire une place.”

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications