« Chaos informationnel » et désinformation alimentent aussi bien les tensions internationales que les divisions au sein des sociétés, alerte mardi 3 mai Reporters sans frontières (RSF) dans l’édition 2022 de son classement mondial de la liberté de la presse.

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Au total, 73 % des 180 pays évalués tous les ans par l’ONG se caractérisent par des situations jugées « très graves », « difficiles » ou « problématiques » concernant la liberté de travail des journalistes. Si cette proportion reste identique à celle de l’année dernière, le nombre de pays (28) où la situation est « très grave » atteint un record tandis que 8 pays seulement affichent une « bonne situation », contre 12 l’année dernière.

Polarisation sur deux niveaux

RSF remarque une « polarisation sur deux niveaux », entre et au sein des pays, alimentée par « la montée en puissance des circuits de désinformation » dans les sociétés démocratiques et par le « contrôle des médias » dans les régimes autoritaires.

Selon l’ONG, l’invasion russe de l’Ukraine illustre cette polarisation, une « guerre de propagande » ayant précédé l’envoi des troupes de Moscou (classé 155e) sur le territoire ukrainien. De même, la Chine (175e) « utilise son arsenal législatif pour confiner sa population et la couper du reste du monde, en particulier à Hong Kong », qui passe de la 80e place à la 148e dans le classement après la reprise en main autoritaire par Pékin.

Au sein des États démocratiques, « la “Fox News-isation” des médias pose un risque fatal car elle met en danger les bases d’une société harmonieuse et du débat public tolérant », ajoute Christophe Deloire. Les sociétés démocratiques se divisent en raison de la hausse des médias d’opinion « suivant le modèle de Fox News », la chaîne préférée des conservateurs américains, et « l’étendue des circuits de désinformation, amplifiés par la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux ».

La Norvège conserve sa première place pour la sixième année consécutive

Cette polarisation interne a accru les tensions sociales et politiques aux États-Unis (42e), note RSF, et en France (26e), qui progresse malgré tout de huit places dans le classement par rapport à 2021. Au bas du classement figurent toujours la Chine, devant la Birmanie, le Turkménistan, l’Iran, l’Érythrée et la Corée du Nord.

En haut du tableau, la Norvège conserve sa première place pour la sixième année consécutive, devant le Danemark et la Suède. RSF souligne également les espoirs apportés par des changements de gouvernement en Moldavie (40e) et en Bulgarie (91e).

RSF a utilisé une nouvelle méthode pour réaliser son classement, s’appuyant sur cinq indicateurs (contexte politique, cadre législatif, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité).