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Allergies

Covid-19 : pourquoi certains asthmatiques sont protégés contre les formes sévères

Les personnes souffrant d'asthme allergique semblent protégées contre les formes sévères du Covid. Des chercheurs américains donnent une première explication à ce paradoxe.

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Des grains de pollen et autres allergènes peuvent déclencher cette voie chez les asthmatiques allergiques. Une voie qui est protectrice contre le covid.

Des grains de pollen et autres allergènes peuvent déclencher cette voie chez les asthmatiques allergiques. Une voie qui est protectrice contre le Covid.

KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library via AFP

Le paradoxe de l’asthme. Puisque le Covid-19 est une maladie principalement respiratoire, les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques telles que l’asthme étaient soupçonnées d’être davantage à risque face au coronavirus. Mais au contraire, les études épidémiologiques ont mis en évidence que les asthmatiques n’étaient pas surreprésentés chez les patients graves de Covid, mis à part une minorité avec asthme sévère (environ 5 % des asthmatiques). Une étude publiée le 30 mars 2022 dans PNAS vient éclairer ce paradoxe, en montrant comment les faiblesses des asthmatiques allergiques sont devenues une force durant la pandémie.

Les asthmatiques sont protégés par plusieurs barrières

Nous savions qu’il devait y avoir une raison biomécanistique qui pourrait expliquer pourquoi certains asthmatiques semblaient protégés contre le Covid sévère”, révèle Camille Ehre, chercheuse à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis) et auteure de l’étude dans un communiqué. Il ne restait qu’à le trouver. Plus spécifiquement, cette protection semblait spécifique aux personnes avec un asthme allergique. Celle-ci se déclenche en présence d’allergènes tels que le pollen ou la moisissure, qui activent la production de cytokines et de mucine dans les poumons des patients. Notamment la mucine MUC5AC, qui est sécrétée par certaines cellules pulmonaires lors d’une infection respiratoire, et qui est produite en excès chez les asthmatiques. Cette production de mucine est régulée par l’interleukine 13 (IL-13), une cytokine anti-inflammatoire qui est surexprimée chez les asthmatiques.

Une première barrière de mucine qui bloque le virus

Les chercheurs ont imité l’asthme avec des cellules pulmonaires traitées avec cette interleukine 13, pour ensuite les infecter avec le coronavirus SARS-CoV-2. Ainsi, ils ont mis en évidence que la protection contre le Covid se joue à plusieurs niveaux. D’abord, la production excessive de mucine créait une barrière physique qui protégeait un peu ces cellules contre l’infection. Dans les cellules non traitées, la sécrétion de mucine augmentait aussi suite à l’infection, mais ces cellules étaient rapidement débordées et la quantité de mucine n’était pas suffisante face à la multiplication du virus.

Une deuxième barrière en enlevant les portes d’entrée aux cellules

Mais cette barrière n’était pas la seule. Car même des cellules où la production de la mucine MUC5AC a été bloquée montraient des charges virales plus basses grâce au traitement par l’interleukine. Une deuxième barrière était la moindre accessibilité des cellules pulmonaires au coronavirus, car cette cytokine diminuait la production du récepteur ACE-2, porte d’entrée du virus dans nos cellules. Finalement, les cellules pulmonaires traitées produisaient moins de virions du SARS-CoV-2 suite à l’infection, protégeant ainsi les cellules alentour. “C’est ce largage de virus dans les poumons qui donne au coronavirus sa grande capacité de transmission et qui semble augmenter son potentiel d’infection des tissus pulmonaires plus profonds”, explique Camille Ehre.

Des barrières supplémentaires à élucider

D’autres mécanismes pourraient participer à cette protection, car les auteurs ont remarqué que l’expression d’autres gènes était boostée par le traitement à l’interleukine IL-13. Ensemble, tous ces changements cellulaires entrainaient une diminution significative de l’entrée du virus dans les cellules pulmonaires, de sa réplication et de sa propagation vers d’autres cellules. “Cette étude montre l’importance de certains mécanismes spécifiques, impliquant l’expression d’IL-13, et comment cela pourrait être utilisé pour protéger les patients et éviter qu’ils développent des formes sévères du Covid”, résume la chercheuse. Ces résultats montrent aussi à quel point il serait important de traiter l’infection au coronavirus le plus tôt possible, avant que les cellules pulmonaires ne soient débordées par l’infection.

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