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Clotilde Courau : «Les maladies mentales naissent généralement à l'adolescence»

La célèbre comédienne s'investit personnellement auprès de la Fondation pour la recherche médicale, dont elle est la marraine depuis 2020. [© Sylvie Castioni / Bestimage]

A la fois vulnérables sur le plan personnel mais aussi particulièrement sensibles à leur environnement, les adolescents peuvent développer des troubles mentaux. Marraine de la Fondation pour la recherche médicale (FRM), Clotilde Courau entend sensibiliser le grand public aux maladies mentales et à leur prévention.

Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne qu'un enfant ou adolescent sur cinq dans le monde souffrirait d'une maladie de ce type, CNEWS a rencontré la comédienne afin de comprendre quels facteurs pouvaient influer sur eux et le cheminement de leurs pathologies.

Pourquoi les maladies mentales interviennent-elles souvent durant l'adolescence ?

Clotilde Courau : La formation du cerveau au moment de l’adolescence est très précieuse, puisqu’entre 15 et 25 ans, le cerveau est en mutation. Après la puberté c’est aussi une période de notre vie où l’on est le plus susceptible de développer une maladie mentale telles que la déprime, la bipolarité, la schizophrénie…

Les addictions jouent-elles un rôle dans le développement de ces maladies ?

Les addictions bien sûr, mais pas seulement. Par exemple, le premier choc amoureux est tout aussi puissant ou l'histoire personnelle et ses éventuels traumatismes. Tous jouent un rôle fondamental sur les mises en place d’une dépression, d'une maniaco-dépression ou de TOC (Troubles obsessionnels compulsifs). Les stress sociaux et familiaux ainsi que des addictions ont des conséquences sur les troubles psychiatriques.

C'est un moment qui est à la fois délicat et violent, pour les parents comme pour l'ado concerné.Clotilde Courau

Quels conseils donner aux parents ?

L'adolescence est un moment très particulier, puisque l’être est en formation, avec l’impulsivité, l’agressivité ou encore la recherche de limites qui la caractérisent. C’est un moment qui est à la fois délicat et violent, pour les parents comme pour l’ado concerné. Il est surtout difficile de savoir ce qui est dû à l’adolescence et ce qui pourrait être un signe précurseur d’une maladie plus grave. D’où le rôle nécessaire de la prévention aussi bien auprès des parents que des adolescents. Si le jeune commence à vivre en décalé, c’est-à-dire plus la nuit que le jour, à décrocher de ses études, à s’enfermer sur lui-même, à ne plus pouvoir discuter ni avec ses amis, ni avec sa famille ou à se mettre en rupture, il faut savoir que ces derniers comportements sont dus à l’adolescence, mais à un moment donné ce peut être des signes qui doivent inviter à consulter.

Y a-t-il des institutions ou des organismes pour prendre en charge ou répondre aux questions des jeunes qui souhaitent être épaulés ?

D’abord, je vous invite à demander conseil auprès de votre médecin généraliste, mais il y a aussi Fil santé jeunes que vous pouvez contacter gratuitement, un service de renseignement à destination des 12-25 ans. On peut aussi s’informer auprès des hôpitaux publics, comme à Sainte-Anne ou encore à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Les spécialistes peuvent également servir de médiateurs entre l'adolescent et ses parents.

Que souhaitez-vous apporter à la recherche dans ce domaine ?

Il est de notoriété publique qu’un chercheur va parfois passer plus de temps à trouver des financements que de se consacrer à la recherche. Or la recherche est fondamentale pour les maladies quelles qu’elles soient. Si une recherche est suffisamment poussée, on peut être dans la prévention et éviter les maladies graves. Par exemple, on ne se pose plus aujourd'hui la question de la prévention du cancer du sein. Or lorsqu'on parle de maladie psychiatrique, nous ne sommes encore qu’au stade où il faut faire entendre au grand public qu'il s'agit d'une maladie, ça ne dépend pas de la volonté de la personne. On n’entre pas dans une dépression parce qu’on n’a pas suffisamment de volonté. La dépression est une maladie. Malheureusement les maladies psychiatriques sont encore assimilées à l’idée que la volonté de l'individu jouerait un rôle. On est donc encore dans des maladies soi-disant honteuses ou taboues, donc trop peu informés sur elles. En outre, il y a encore très peu de prévention auprès des jeunes.

Si vous aviez un conseil à donner à un adolescent qui sent que sa vie lui échappe ?

Je dirais à cet adolescent, que l’adolescence est un moment compliqué. Mais que c'est formidable qu’il s’aperçoive qu’il s’inquiète de sa santé, que cet instinct qui est le sien est déjà extrêmement positif. Et qu’il va trouver des solutions qui existent. Ce qui arrive n’est pas dû à sa volonté, il n’est pas en échec. Bien au contraire. Il a les outils pour pouvoir construire sa vie et il a raison de vouloir la construire. Il est atteint par une maladie, je le répète ce n'est pas sa volonté qui est remise en cause. A cet adolescent, je lui dirais donc : ce n’est pas ta faiblesse qui est remise en cause. Et tu vas en guérir et tu vas t’en sortir. Tu vas construire ta vie et tu verras que c’est formidable de vivre. La vie est belle !

Pour faire un don au profit de la Fondation pour la recherche médicale, rendez-vous sur le site officiel de la FRM.

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