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Mali : la junte au pouvoir rompt ses accords de défense avec la France et ses partenaires européens

L'ambassadeur de France au Mali a été expulsé du pays en janvier dernier. [FLORENT VERGNES / AFP]

La junte au pouvoir au Mali a annoncé lundi soir la rupture des accords de défense avec la France et ses partenaires européens. Les relations entre Bamako et ses anciens alliés continuent de se dégrader.

Lors d’une allocution retransmise sur la télévision nationale, les autorités dominées par les militaires ont annoncé «dénoncer» les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France.

Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a invoqué les «atteintes flagrantes» de la part de la France -engagée militairement dans le pays depuis 2013- à la souveraineté nationale.

Il a cité «l'attitude unilatérale» de la France lorsqu'elle a suspendu en juin 2021 les opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes, l'annonce en février 2022, «encore sans aucune consultation de la partie malienne», du retrait des forces Barkhane et Takuba, et les «multiples violations» de l'espace aérien par les appareils français malgré l'instauration par les autorités d'une zone d'interdiction aérienne au-dessus d'une vaste partie du territoire.

L'ambassadeur français expulsé en janvier 

Les autorités maliennes ont notifié cette dénonciation lundi après-midi aux autorités françaises et elle prendra effet six mois après cette notification, a-t-il précisé.

En revanche, c'est avec «effet immédiat» que les autorités maliennes dénoncent le Sofa de mars 2013 encadrant l'engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s'appliquant aux détachements européens de Takuba, le regroupement d'unités spéciales européennes initié par la France, a-t-il dit.

La dénonciation du Sofa pourrait avoir des répercussions sur le retrait en cours de Barkhane, annoncé en février. Ce retrait, grosse et dangereuse opération, est censé s'échelonner sur quatre à six mois.

Les rapports se sont dégradés entre Bamako et Paris après le second coup d'Etat mené par les colonels en mai 2021 contre un président et un Premier ministre qu'ils avaient eux-mêmes installés, puis la révocation par les colonels de leur engagement à rendre le pouvoir aux civils en février 2022.

Les crispations se sont aggravées à mesure que la junte se rapprochait de la Russie. La France et ses alliés accusent les autorités maliennes de s'être assuré les services de la société privée russe controversée Wagner. Le gouvernement conteste et parle de collaboration ancienne d'Etat à Etat.

Le Mali a expulsé l'ambassadeur de France en janvier.

La semaine dernière, la junte accusait l'armée française d'«espionnage» et de «subversion» après la diffusion par l'état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité de la base de Gossi (centre) restituée en avril par la France.

Deux jours après cette restitution, l'armée française avait, pour contrer ce qu'elle qualifiait d'«attaque informationnelle», publié une vidéo de ce qu'elle disait être des mercenaires russes en train d'enterrer des corps près de cette base afin de faire accuser la France de crimes de guerre.

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