DIPLOMATIELe pape François veut se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine

Guerre en Ukraine : Le pape François veut se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine

DIPLOMATIEDans « Il Corriere della Sera », François indique ne pas avoir reçu de réponse. Il insiste donc, même s’il craint « que Poutine ne puisse pas et ne veuille pas avoir cette rencontre maintenant »
Le pape François, au Vatican le 27 avril 2022.
Le pape François, au Vatican le 27 avril 2022. - ALESSIA GIULIANI / ipa/SIPA / Pixpalace
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Alors que la guerre en Ukraine lui rappelle la tragédie du Rwanda, le pape veut lui aussi tenter une médiation afin d’arrêter les combats. Dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera publié mardi, François se dit ainsi prêt à se rendre à Moscou pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine.

Evoquant l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, François affirme avoir « appelé au téléphone » le président ukrainien Volodymyr Zelensky « le premier jour de la guerre ». « En revanche je n’ai pas appelé Poutine. Je lui avais parlé en décembre, pour mon anniversaire, mais cette fois-ci non, je n’ai pas appelé ».

Le spectre du génocide de 1994

« Par la suite, après 20 jours de guerre, j’ai demandé au cardinal (Pietro) Parolin », numéro deux du Vatican, « de faire parvenir à Poutine le message que j’étais disposé à me rendre à Moscou », précise le souverain pontife. « Nous n’avons pas encore reçu de réponse et nous insistons encore, même si je crains que Poutine ne puisse pas et ne veuille pas avoir cette rencontre maintenant ».

Pour le pape, il y a pourtant urgence. « Comment ne parvenons-nous pas à arrêter toute cette brutalité ? Nous avons vu la même chose il y a 25 ans avec le Rwanda », constate-t-il, en évoquant le génocide de 1994 au cours duquel 800.000 personnes, principalement issues de la minorité tutsie, ont été tuées, selon l’ONU.

Colère de la Pologne

S’interrogeant sur les causes du conflit, le chef spirituel des catholiques évoque une « colère » du Kremlin ayant pu être « facilitée » par « les aboiements de l’Otan à la porte de la Russie », des propos qui ont provoqué de vives réactions des autorités polonaises. « A coup sûr, nous sommes nombreux à nous prendre la tête entre les mains en entendant ce que le pape a dit », a ainsi réagi à la télévision publique le ministre polonais de l’Education, Przemyslaw Czarnek.

Si les services du Vatican ont laissé passer ces propos « sur les aboiements (…) de l’Otan, autrement dit du flanc oriental, donc aussi de la Pologne, alors le pape tout simplement a voulu le dire ». Et, a ajouté le ministre, « par là même il nous a offensés, nous les Polonais ».

Le souverain pontife exclu par ailleurs de se rendre « pour le moment » à Kiev, en dépit des invitations des Ukrainiens. « Je sens que je ne dois pas y aller », insiste-t-il, tout en rappelant y avoir envoyé deux cardinaux. « Je dois d’abord aller à Moscou, je dois d’abord rencontrer Poutine ».

Enfin, dans Il Corriere della Sera, le pape évoque également un entretien par visioconférence avec le patriarche Kirill, le chef de l’Eglise orthodoxe russe et soutien de Vladimir Poutine. « Les vingt premières minutes, avec un papier en main, il m’a lu toutes sortes de justifications de la guerre. J’ai écouté et je lui ai dit : "je ne comprends rien de tout cela. Nous ne pouvons pas utiliser le langage de la politique mais celui de Jésus" ». Reste à savoir maintenant si ce message sera relayé au maître du Kremlin.

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