Guerre en Ukraine : les entreprises d'Occitanie perdent 1,45 milliard d'euros d'export
La Russie n’a jamais été un gros marché pour les entreprises régionales exportatrices, mais les sanctions européennes après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ont bien un impact sur l’économie d’Occitanie. D’autant que le montant des marchandises facturées aux Russes avait doublé l’an dernier.
Aéronautique, matériel électrique, outillage agricole, semences, spiritueux, vins, produits pharmaceutiques, parfums, cosmétiques... Les produits exportés en Russie sont divers mais les "produits de l’aéronautique" représentent 85 % d’entre eux, soit un écrasant 1,3 du 1,45 milliard d’euros exportés l’an dernier. Une "année exceptionnelle", a souligné la présidente de Région lors de l’assemblée plénière de mars dernier : "2021 fut une année exceptionnelle car les années précédentes, le montant des exportations étaient de 600 millions". Las, ce doublement de la "facture russe" qui représentait désormais 4 % des exportations totales de la région (établies à 37,1 milliards d'euros expédiées principalement en Chine, Allemagne, Espagne), ne se renouvellera pas de sitôt.
C'était un marché stable et solvable
"4 % ce n’est pas rien, insiste Jean-Michel De Bellerive, responsable de l’International à la CCI Occitanie. Il y a des entreprises qui se diversifiaient sur ce marché et il y a de l’emploi derrière. L’impact négatif est important, c’était un marché stable, solvable et intéressant pour beaucoup, je pense aux producteurs d’Armagnac par exemple". 4,16 millions d’euros de "boissons" ont en effet été exportés vers la Russie l’an dernier, selon les données d’Obseco, l’Observatoire de l’économie régionale de la CCI et de la Région.
Le casse-tête russe d’un entrepreneur aveyronnais
Moins familière est l’activité de PLC & Process. Cette petite société aveyronnaise de quatre salariés, équipe des usines à gaz russes en matériels et automatismes "pour remplir les bouteilles de gaz, du gaz industriel, alimentaire ou médical", explique son directeur, Rémi Egea. Et hier après-midi, le chef d’entreprise était justement plongé en plein casse-tête russe : "Heureusement, on a fini l’export avec la Russie !", soupirait-il. Entendre : il n’y a pas un rouble, ou plutôt un euro dehors. "Mais on se retrouve dans une position compliquée car on reçoit des demandes russes en ce moment-même et on ne sait pas quoi faire. On discute avec les Douanes pour trouver des solutions mais les choses changent tous les jours". PLC exporte en Russie depuis une douzaine d’années, ce marché représente plus d’un million d’euros, soit 60 à 80 % de ses exportations, mais "pour 2022, ce sera 5 %".
À Perpignan, le marché Saint-Charles était déjà soumis à l’embargo post-Crimée, de 2014 : "On nous a coupé les ailes deux fois"
Sur les 2 milliards d’euros générés par le marché Saint-Charles à Perpignan (import-export de fruits et légumes), la part de marché russe représente zéro euro. Et cela fait huit ans que ça dure. "Il y a un embargo sur les fruits et légumes depuis 2014 qui devait être levé en décembre 2022", rappelle Cyril Gornes, le directeur général de Saint-Charles International. Lors de l’invasion de la Crimée par Vladimir Poutine, un embargo alimentaire sur la Russie a été décidé par les États-Unis et l’Union européenne. "De la plateforme de Saint-Charles, on pouvait réexporter uniquement des produits du Maroc, ajoute Cyril Gornes. Des agrumes qui font maintenant directement Agadir-Saint-Petersbourg, et des tomates qui depuis deux ou trois ans sont l’objet de contrôles phytosanitaires et autres qui rendent difficile l’export. Aux dernières statistiques de 2020, il y avait zéro kilo expédié en Russie. On nous a coupé les ailes deux fois : en 2014 et en 2019-2020 avec les contrôles sanitaires sur les tomates. Il reste quelques petits produits comme les plantes aromatiques qui partent d’ailleurs, du Maroc, ou qui sont sous douanes à Perpignan". Dans l’Aude, des vignerons, comme le château Auzias, ont vu le marché russe leur échapper dès le mois de mars.
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