Une zone de vie marine inattendue découverte dans les eaux belges de la mer du Nord

Ces coraux mous sont surnommés doigts d’homme mort en anglais.

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Par Clara Weerts

Des scientifiques de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ont découvert des espèces de vie marine inattendues dans la partie éloignée des eaux belges de la mer du Nord. Colonies de corail mou, invertébrés et bancs de poissons vivent dans cette zone située sous l’une des voies de navigation les plus fréquentées du monde. Une huître européenne a aussi été découverte. Il s’agit du premier spécimen vivant trouvé sur le territoire belge depuis des décennies. Toutes ces espèces essentielles sont reliées à un fond marin composé de roches et de pierres.

Plus que du sable

La partie belge de la mer du Nord ne représente qu’une petite partie, d’environ 0,6% de la surface totale de la ‘grande mer du Nord’. Les eaux belges sont connues pour leurs fonds marins sablonneux. Dans les bonnes conditions, les pierres peuvent servir d’habitat à une faune sous-marine diversifiée. Toute une série d’animaux marins vivent soit attachés aux pierres, soit entre les crevasses et les fissures.

Cartographie des lits de gravier potentiels.
Cartographie des lits de gravier potentiels. © IRNSB

Les cartes régionales de répartition des sédiments montrent qu’environ 15% des fonds marins belges sont constitués de lits de gravier potentiels, dont la plupart n’ont pas encore été explorés géologiquement ou biologiquement. Des récifs biologiques peuvent se former sur les lits de gravier. Des zones écologiquement uniques se développent alors au sein des vastes fonds marins à prédominance sableuse et vaseuse. Seulement, certaines activités de pêche intensives labourent les sédiments et remuent les pierres. Les zones de graviers sont alors réduites. Cette zone découverte est située sous l’une des voies de navigation les plus fréquentées du monde. Elle a probablement permis de préserver cet habitat.

Une zone abritée par une voie de navigation

Cette zone à seulement 80 kilomètres de la côte belge est profonde de 40 à 50 mètres. Elle est située sous une importante route de navigation. C’est peut-être même grâce à elle qu’elle a été protégée. C’est ce qu’expliquait Kelle Moreau, biologiste marin et porte-parole de l’Institut Royal des Sciences Naturlles, aujourd’hui sur Matin Première. "Un grand nombre d’activités humaines ont lieu dans nos eaux et ont un impact sur les fonds marins. Comme la pêche de fond ou l’extraction de sable. Beaucoup de ces activités ne sont pas autorisées dans une voie de navigation, comme celle-ci. Ce n’est donc pas une coïncidence que la découverte se soit faite là."

La diversité des activités commerciales humaines, allant de la navigation intensive et de la pêche commerciale au développement d’infrastructures pour la production d’énergie renouvelable et l’extraction de sable marin, peut endommager les fonds marins. Ces activités ne sont pas permises sur ces voies de navigation et cela préserve donc l’écosystème de la zone.

Une zone importante découverte grâce au Belgica

C’est grâce au navire de recherche belge, le Belgica et ses instruments océanographiques, que cette biodiversité a été observée et cartographiée. Les conditions écologiques de la zone sont bonnes car on y a découvert des colonies de corail mou, des mollusques, des crustacés... 

Toutes ces recherches prouvent que tout n’est pas perdu en termes de biodiversité. Selon Kelle Moreau, "nous pouvons appliquer ces connaissances à la restauration d’autres lits de gravier et à des banques d’huîtres. Mais surtout, cette découverte montre bien qu’il y en a encore des découvertes à faire."

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