Législatives

Dans le Doubs, le boulanger qui s’était battu pour son apprenti guinéen est candidat à l’Assemblée

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Stéphane Ravacley, le patron d’une boulangerie de Besançon qui s’était opposé à l’expulsion de son apprenti, Laye Fodé Traoréiné, est soutenu par EE-LV pour le scrutin de juin. Il devrait partir en campagne avec la bannière commune aux forces de gauche.
par Victor Boiteau
publié le 4 mai 2022 à 11h52

«Un boulanger à l’assemblée !» Sur Twitter, il affiche la couleur. Stéphane Ravacley, 53 ans et patron d’une boulangerie du centre-ville de Besançon, est candidat aux législatives des 12 et 19 juin. L’artisan, devenu célébrité locale après avoir mené un long combat pour s’opposer à l’expulsion de son apprenti de nationalité guinéenne, Laye Fodé Traoréiné, espère rafler la circonscription au député LREM sortant, Eric Alauzet.

«Il est grand temps d’avoir des représentants qui nous ressemblent. Je me présente pour vous proposer d’élire, pour la première fois, un boulanger à l’Assemblée», avait dit l’artisan lors de l’annonce de sa candidature, le 16 avril. Son profil a d’abord été repéré par le Parti socialiste. «Anne Hidalgo pensait qu’il serait un bon candidat pour les législatives, confirme Myriam El Yassa, patronne du PS dans le département. Il a un profil atypique, incarne le renouveau, est sincère dans son engagement et bien ancré dans le département.»

Son CV a également été flairé par les Verts. «C’est le genre de profil qui mérite d’être représenté à l’Assemblée», acquiesce Cécile Prudhomme, secrétaire régionale EE-LV en Franche-Comté. Indépendant des formations politiques, cultivant son image «société civile», le boulanger suscite les convoitises. En janvier 2021, alors qu’il entamait une grève de la faim de dix jours pour protester contre la possible expulsion de son apprenti, le boulanger avait été soutenu par la maire EE-LV de Besançon, Anne Vignot, ainsi que plusieurs figures du PS, dont Anne Hidalgo. Fin mars, il a également organisé un convoi au départ de sa ville pour apporter de l’aide humanitaire aux réfugiés ukrainiens en Pologne.

Depuis, son cas a été l’objet de tractations entre les socialistes, les écologistes et les insoumis pour les législatives de juin. Dans l’accord qu’ils ont conclu avec LFI dans la nuit de dimanche à lundi, les écologistes ont obtenu une centaine de circonscriptions, dont cinq en Bourgogne-Franche-Comté. Parmi elles figure la deuxième du Doubs, lorgnée par Stéphane Ravacley. Dans celle-ci, le candidat insoumis s’est retiré. Les Verts ont également imposé leurs conditions au PS. Ils réclament ainsi un suppléant EE-LV, une appartenance au groupe écolo à l’Assemblée en cas d’élection ainsi que le versement des indemnités de l’élu – s’il l’est – à EE-LV. Principal (léger) point d’achoppement entre les roses et les verts locaux : Stéphane Ravacley est attaché à sa suppléante socialiste, Nabia Hakkar-Boyer. Les Verts, eux, poussent pour un suppléant écolo. «On ne va pas faire capoter l’accord pour ce point», évacue toutefois Cécile Prudhomme.

Si «l’accord de principe» trouvé ce mercredi matin entre LFI et les socialistes est entériné par le Conseil national du PS, Stéphane Ravacley pourrait donc porter les couleurs de la bannière commune de la Nouvelle union populaire, écologiste et sociale, la Nupes. Pour l’heure, le novice en politique a lancé sa campagne samedi avec une première réunion publique à Ornans. Selon les écolos et socialistes du département, la circonscription qu’il convoite, dans laquelle le député LREM sortant se représente, est «difficile» à emporter. Cécile Prudhomme confirme : «Il va falloir batailler pour la gagner.»

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