Découverte des plus anciennes traces du calendrier maya

Sur l’un des fragments muraux retrouvés sur le site de San Bartolo s’inscrivent le chiffre « 7 » et le symbole « cerf ». Pour les chercheurs, sa datation reculerait de près de 150 ans le plus ancien vestige calendaire.

De Margot Hinry
Publication 3 mai 2022, 15:43 CEST
Bloc de fragments de peinture murale recueillis dans la structure d'Ixbalamque. Fragment #6368 représentant l'image du ...

Bloc de fragments de peinture murale recueillis dans la structure d'Ixbalamque. Fragment #6368 représentant l'image du défunt. Période préclassique, dieu maya du maïs.

PHOTOGRAPHIE DE Heather Hurst

Deux archéologues et expert.e.s ont récemment publié une étude portant sur la découverte de onze fragments d’anciennes peintures murales mayas. Les découvertes ont été faites sur le site archéologique de San Bartolo, au sein des ruines de l’ancienne pyramide Las Pinturas, au Guatemala. Parmi ces artefacts, les traces les plus anciennes jamais découvertes du calendrier maya sacré.

Contrairement au calendrier solaire, qui s’arrêtait en 2012, le calendrier sacré compte 260 jours par an et a une visée plus prophétique. « C’est un calendrier qui n’était pas lié au temps d’une manière linéaire. C’était plutôt lié au temps qui passe et à quelles croyances sont attachées à chaque jour en particulier » précise Heather Hurst, l’une des archéologues qui a fait cette découverte.

Le calendrier sacré est encore utilisé aujourd’hui, par les Mayas modernes. Il existe un grand nombre d’écrits et de connaissances précises sur son fonctionnement, d’autant que les Mayas modernes l’utilisent encore aujourd’hui. « On a au moins 1 000 ans d’inscriptions à propos de ce calendrier. Donc on a une bonne base de données, on sait à quoi cela ressemble, à quoi correspondent les jours et les chiffres, les combinaisons de chiffres avec un symbole. […] Et une chose que l’on distingue vraiment, c’est que ces dates ont généralement ce que l’on appelle une « cartouche », comme un cadre autour d’eux. […] Ce n’est pas juste pour dire qu’il y a sept cerfs dessinés là. C’est vraiment pour préciser qu’il s’agit du symbole du cerf qui se réfère à une temporalité ».

Pourquoi un cerf ? Cet animal est, selon l’experte, régulièrement représenté dans l’art maya et dans la mythologie. « Il représente une offrande importante, c’est l’un des plus gros animaux de la région et c’est une bonne source de nourriture ».

Le vestige retrouvé au cœur du site de San Bartolo serait daté environ à la fin du 3e siècle av. J.-C. Pour analyser et connaître l’origine des vestiges, les experts ont utilisé la datation radiocarbone. « Ce qui est super et qui rend l’étude utile, c’est que l’on a des dates d’avant le fragment mural et des dates liées au lieu où le fragment a été découvert. Cela fournit une sorte de séquençage. […] Avec de multiples échantillons de carbone et grâce à des statistiques, nous pouvons nous permettre de dire que ces fragments datent du 3e siècle, de 250 avant J.-C. environ » ajoute Heather Hurst, enthousiaste.

Les débuts de la civilisation Maya

UN CALENDRIER COMPOSÉ DE 13 CHIFFRES ET 20 SYMBOLES

Comme nous, les Mayas étaient très intéressés par le temps qui passe. « Ils avaient différentes visions de la manière dont le temps passe. Ils avaient ce que l’on appelle le "compte long" qui est un système linéaire. […] Le compte long est basé sur l’année solaire, comme notre calendrier de 365 jours. Le cumul des années était calculé en fonction de l'année solaire » explique la chercheuse.

En parallèle de ce calendrier, les Mayas gardaient la trace d’un calendrier sacré de 260 jours. « Ce calendrier rituel se compose de chiffres de 1 à 13, ajoutés à une séquence de différents symboles. Il y a par exemple, l’obscurité, l’eau, le chien, le cerf. Et ce sont les chiffres qui coïncident avec les dates. Il y a 20 symboles et 13 dates, donc en passant par toutes les combinaisons, vous avez un cycle de 260 jours ».

Il semblerait que le calendrier rituel soit lié à la gestation humaine, qui est en moyenne de 266 jours. « On ne sait pas ce qui arrive précisément le "7 cerf", mais pour les Mayas modernes, chaque jour de ce calendrier est associé à quelque chose. »

Heather Hurst rend compte de l’intérêt des tribus mayas pour le temps, « ils étaient très intéressés par la position de Vénus, du Soleil, et de l’ensemble des corps célestes. Ils étaient intéressés par la manière dont le temps passe et à quel point il est cyclique ». Les natifs modernes l’utilisent aujourd’hui pour ses qualités de présage, lors par exemple de la naissance d’un nouveau-né, ou pour connaître la bonne période pour les récoltes.

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    Détail du fragment #4778 recueilli avec le jour des 7 cerf. Fragment mural consolidée #4778 en noir, ligne de style avec les 7 cerf, et deux signes hiéroglyphiques en colonne verticale, recueillis dans la structure d'Ixbalamque.

    PHOTOGRAPHIE DE Heather Hurst et David Stuart

    UNE CIVILISATION EN PLEIN ESSOR

    Près de 300 ans avant J.-C., dans cette région du Guatemala, il ne s’agissait pas de villages rudimentaires mais, à en croire les fouilles et les vestiges, d’une civilisation en plein essor culturel et scientifique.

    « Le site archéologique maya de San Bartolo avait, à l’époque, un palace et des grandes pyramides. Là où nous avons trouvé le fragment, c’était un lieu particulier, qui était un complexe de rituels ».

    Grâce à la datation carbone et aux différentes fouilles, les archéologues peuvent reconstruire et s’imaginer les lieux. Le fragment mural annoté de l’inscription des « 7 cerf » aurait été peint lors d’une période où le lieu de rituel servait également d’observatoire astronomique.

    « Au milieu de cet endroit, il y avait un terrain de jeu de balle. Pour les anciens Mayas, un terrain de jeu de balle était un endroit où, oui, vous jouiez aux sports de balle, mais le sport avait aussi une signification importante dans la cosmologie ». Liés à une idéologie ancestrale et traditionnelle, les rituels étaient réalisés au cœur de cette zone de sport et d’observation du ciel.  

    Heather Hurst dépeint une époque marquée par une sorte de « révolution culturelle ». « Ce qui se passe de 400 à 300 avant J.-C. dans cette région, c’est que nous avons une écriture qui explose, nous avons de nouvelles formes d'agricultures et pour la première fois, nous voyons des rois et des reines. Il y avait aussi des mathématiques, de l’art, des scripts ! Le fait que ce calendrier était au centre de tout cela a du sens » affirme l’archéologue.

    Bien que cette découverte soit déjà un saut en arrière de nombreuses années, l’archéologue reste convaincue qu’une preuve d’utilisation du calendrier encore plus ancienne sera mise au jour, ici ou ailleurs. « La calligraphie, la manière de peindre, c’est magnifiquement fait ! Tout ceci indique que le calendrier a été utilisé pendant très longtemps » conclut Heather Hurst.

    Six différents prix ont été attribués par la National Geographic Society pour financer ce projet au cours des dernières années, soutenant l’excavation de la pyramide Las Pinturas et les fragments muraux présentés dans l’article, ainsi que l’analyse et la conservation de ces fragments. 

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