Enquête en Belgique: «Ma fille avait une trace rouge de piqûre sur la fesse»

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Enquête en Belgique«Ma fille avait une trace rouge de piqûre sur la fesse»

VIRTON - Depuis samedi, jusqu'au Luxembourg, des jeunes disent avoir été drogués lors d'un bal en Belgique.

Le parquet d'Arlon évoquait mardi sept plaintes de jeunes femmes dont quatre mineures.

Le parquet d'Arlon évoquait mardi sept plaintes de jeunes femmes dont quatre mineures.

Robin, kiné au Luxembourg, âgé de 25 ans, n'en était pas à sa première soirée, samedi dernier, quand il s'est rendu au bal de Dampicourt en Belgique, à une trentaine de kilomètres du Grand-Duché.

S'il se décrit comme un «gros sorteur» jamais il n'avait vécu cela. «J’ai pu abuser sur l’alcool. Mais ce que l’on m’a décrit (car je ne me souviens de rien à partir de 1h/1h30) ne m’a jamais ressemblé en soirée. Je me souviens d’avoir fini mon verre, dansé quelques minutes et puis plus rien, black-out avant le réveil du lendemain, avec plusieurs bleus. Des amis étaient présents et ont pris soin de moi, je ne les remercierai jamais assez».

Un témoignage qui fait écho à beaucoup d'autres lors d'une soirée qui a été suivie par une série de plaintes de jeunes, estimant avoir été drogués par une piqûre ou via leur verre.

La fille de Caroline, employée d'une parfumerie au Grand-Duché, avait elle une trace «rouge avec un halo rouge pâle au niveau d’une fesse», qu'elle attribue à une mystérieuse piqûre. «Il y avait 2 300 personnes sous un chapiteau. Tout le monde se bousculait. Elle n'a rien senti», raconte sa mère. Après avoir perdu connaissance sur place, la jeune fille de 19 ans a été prise «d'hallucinations et d'une extrême agitation dans l'ambulance qui la conduisait à l'hôpital d'Arlon. Elle s'est réveillée à 7h le lendemain aux urgences». Plainte a été déposée mais les séquelles sont psychologiques. «Elle ne veut plus dormir seule et me dit qu'elle ne risque pas de ressortir. Beaucoup de jeunes sont choqués».

Interrogations en milieu de soirée

Selon cette maman, qui a dès le lendemain lancé un appel à témoins, sa fille a clairement été droguée. «Il y a eu des cas ailleurs, visiblement ce produit-là ne laisse pas de traces. Elle avait bu quatre bières. Apparemment il n'y a eu aucun abus ou vol, c'était gratuit», raconte-t-elle.

Augustin aussi était là. L’occasion de revoir des amis pour ce jeune étudiant à Liège, originaire des environs de Montmédy en France. Il est arrivé au bal «vers 20h30 pour l’ouverture. J’ai très peu bu. Cinq six bières mais mon état était catastrophique. Je ne tenais plus debout, j’avais la tête lourde, des nausées. J’étais vraiment pas bien du tout». Rentré vers 3h du matin, Augustin assure être allé dès le lendemain vers 13h-14h à l’hôpital de Mont-Saint-Martin pour faire une prise de sang. «Quand je me suis réveillé, je me suis dit ''je dois aller faire un test'' car je savais que ce n’était pas normal. (…) J’ai l’habitude des festivals. Je connais ma tenue d’alcool et je sais que je ne suis pas dans cet état après cinq-six bières».

«On m’a pris en urgence, pour pas que d’éventuelles traces disparaissent», raconte Augustin, qui n’a en revanche aucune trace de piqûre et estime avoir été drogué dans son verre. «Il s’est avéré que j’étais positif au GHB. Je ne prends aucune drogue. J’ai juste pris de la bière. Je suis allé chercher chacun de mes verres. Si j’avais pris volontairement du GHB, je n’aurais aucun intérêt à le faire savoir et aller me faire tester. Je risquais d’avoir des problèmes plus qu’autre chose». Augustin assure que l’une de ses connaissances, une jeune femme, transportée à l’hôpital, a aussi été testée positive à cette substance, le lendemain.

«C’est difficile de se protéger même en faisant attention»

«Vers 21h30, il y avait déjà 3-4 personnes assises par terre en très mauvais état. Mais je me suis dit qu’ils avaient bu trop vite. Du coup je ne sais pas». Pour lui, ce n’est pas une psychose liée aux piqûres mystérieuses en France. «J’avais déjà fait la dernière édition de ce bal. Ce n’était pas comme ça. J’ai déjà fait de petits bals comme ça, il n’y a jamais eu autant de plaintes et de problèmes», poursuit Augustin, qui assure que les interrogations ont commencé à venir en milieu de soirée. «On entendait quelques paroles mais c’étaient des suppositions. Vers 1h30-2h, les gens commençaient à se questionner. Ça se sentait un peu dans l’atmosphère et à la sortie du bal. J’ai eu la chance de rester avec mes amis qui ont fait attention à moi. C’est la seule chance que j’ai eue».

«La sécurité de nos participants est notre priorité absolue. Nous sommes sincèrement désolés pour les personnes ayant subi ces agissements», ont réagi, dans un communiqué, les organisateurs du CDJ Dampicourt.

«Une chose m'a marqué, il y avait énormément de passe-droits au niveau des fouilles. Certains amis m'ont dit qu'ils ne se sont pas fait fouiller car ils connaissaient le videur. C'était assez superficiel», estime Augustin, qui ne veut pas renoncer à sortir. «Je me dis que ça fait peur, mais on est jeunes. Si on commence à avoir peur de tout, on ne peut pas vivre. Ça reste dans un coin de la tête. Mais je ne vais pas m’arrêter de m’amuser pour ça. C’est difficile de se protéger, même en faisant attention. Je pense que cela peut arriver n’importe où».

Une quinzaine de signalements

(Nicolas Martin)

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