Mais celui dont l’histoire fait écho à celle de trente ans de djihadisme mondialisé, « toujours présent là où l’islam radical a été », selon un magistrat, devrait attirer l’attention. Né en mai 1969 en Algérie, Saber Lahmar fait une licence en sciences islamiques et, selon la justice, devient membre du Groupe islamique armé (GIA).
À Guantanamo jusqu’en 2008
Il part ensuite quelques années terminer ses études à Médine, en Arabie saoudite, avant d’apparaître en Bosnie-Herzégovine entre 1996 et 2001, où il travaille notamment dans une grande mosquée de Sarajevo considérée comme un lieu de rassemblement d’islamistes. Les Bosniens le livrent aux Américains début 2002 avec cinq autres Algériens, soupçonnés d’avoir fomenté un attentat contre l’ambassade des États-Unis.
Il est transféré dans la prison militaire de Guantanamo, sur l’île de Cuba, où il est détenu jusqu’en 2008, avant d’être innocenté par la justice américaine. Le président Nicolas Sarkozy accepte le principe d’accueillir en France deux ex-détenus du camp. Ce seront Lakhdar Boumediene et Saber Lahmar, qui pose pied en France le 1er décembre 2009. « Guantanamo restera avec moi jusqu’à la fin de ma vie. Ce n’était pas de la torture normale et ce n’était pas huit jours », raconte-t-il en 2012. La justice française a ensuite pris le relais pour établir son histoire hexagonale à partir de 2010.
Imam à Saint-André-de-Cubzac
Pour l’accusation, celui qui semble faire office de « guide religieux » officie rapidement comme imam de la mosquée de Saint-André-de-Cubzac (Gironde) mais aussi dans une salle de prière clandestine située au-dessus du restaurant de Mohamed H., l’autre mis en cause. Saber Lahmar se voit reprocher son « ancrage dans l’islam radical » avec des « propos très violents » lors de prêches « s’en prenant aux juifs, appelant à tuer les apostats et au martyre ». Il est soupçonné d’avoir entretenu des liens avec plusieurs figures du djihadisme en France. Point de départ de l’enquête, Saber Lahmar aurait « directement encouragé et préparé des départs » à l’été 2015 « vers la zone irako-syrienne ».