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Caspar David Friedrich en 2 minutes

En bref

Maître du paysage tragique, Caspar David Friedrich (1774–1840) est l’un des acteurs du romantisme allemand. Ce contemporain de Johan Wolfgang Von Goethe n’a pas eu une vie facile, continuellement émaillée de deuils. L’artiste, en quête de transcendance, est connu pour avoir représenté la nature dans sa dimension mystique et spirituelle. Plus que la beauté, c’est du sublime dont il est question dans les œuvres de Caspar Friedrich, très loin des courants réalistes qui s’exprimaient dans les écoles du paysage à cette époque, en France comme en Angleterre.

Caroline Bardua, Portrait de Caspar David Friedrich
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Caroline Bardua, Portrait de Caspar David Friedrich, 1810

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Huile sur toile • 76,5 × 60 cm • Coll. Alte Nationalgalerie, Berlin

Il a dit

« Le divin est partout, jusque dans le grain de sable. »

Sa vie

Originaire d’une petite ville dans le nord de l’Allemagne, Caspar Friedrich voit le jour dans une famille de commerçants aisés. Malgré cette sécurité, le jeune garçon est confronté très jeune à la mort, celle de sa mère puis de plusieurs de ses frères et sœurs (ils étaient 10). La disparition de l’un d’entre eux, Johann, est d’autant plus tragique pour Caspar qu’il est mort en le sauvant d’une noyade certaine dans la mer baltique.

Féru de dessin, Friedrich suit des cours auprès d’un professeur municipal, qui aimait emmener ses étudiants travailler sur le motif. Mais sa conviction qu’il deviendra paysagiste se précise véritablement au Danemark, lorsqu’il part étudier à l’Académie royale des Beaux-arts, de 1794 à 1798. Il y apprend à connaitre l’Antique, et se forge une solide culture classique.

Le jeune peintre décide finalement de s’établir à Dresde, une ville dynamique sur le plan des arts. Friedrich se fait connaitre principalement comme dessinateur. Il est apprécié pour ses paysages, reproduits par la gravure. Malgré tout, le succès tarde et l’artiste est en proie à des crises de dépression sévères qui le poussent à envisager le suicide. Il produit peu.

À l’âge de 30 ans, Friedrich voit son horizon s’éclaircir. Il obtient un prix au concours de Weimar grâce à ses dessins. À cette occasion, il entre en contact avec Goethe, son aîné de 20 ans, dont les théories sur la couleur l’influencent. Avec le poète allemand, il voit dans la nature la manifestation du divin. C’est à cette époque seulement, vers 1807, que Friedrich se met à peindre. Malheureusement, le jeune homme est une nouvelle fois endeuillé par la perte de son père et d’une sœur.

Ses paysages sont le reflet de questionnements intérieurs et mystiques. L’artiste était pieux et représentait de nombreux symboles chrétiens dans ses œuvres, mais jamais l’image de Dieu. Pour lui, la nature était le cadre de la rencontre possible entre l’humain et le divin. Les personnages paraissent généralement fragiles face à la monumentalité de la nature, qui s’impose avec puissance, et parfois dangerosité.

Dans les années 1810, Friedrich acquiert une solide reconnaissance. Certaines de ses œuvres sont achetées par le roi de Prusse. Il devient membre de l’Académie de Berlin, puis de l’Académie de Dresde. Par ailleurs, le peintre se marie. Trois enfants naîtront de cette union. Ses œuvres deviennent recherchées et collectionnées à la cour de Russie. Malgré cette évolution heureuse, le malheur semble poursuivre le peintre qui est victime d’un accident vasculaire cérébral qui le paralyse. S’il retrouve une certaine motricité, il est impossible à Caspar Friedrich de reprendre pleinement son activité d’artiste. Il s’éteint auprès des siens à l’âge de 65 ans.

Ses œuvres clés

Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes
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Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809

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Huile sur toile • 110 × 71 cm • Coll. Alte Nationalgalerie, Berlin

L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809

Acheté par le roi de Prusse, ce paysage représente des moines accompagnant un cercueil vers les ruines d’une abbaye, au crépuscule. Ils sont venus enterrer l’un des leurs. C’est une scène mystique, qui associe la mort à la désolation du paysage. L’atmosphère est pleinement gothique. Il est possible que cette œuvre ait été peinte par un Friedrich animé d’intentions patriotiques, les chênes symbolisant les héros blessés de l’Allemagne après les guerres napoléoniennes.

Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages
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Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818

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Huile sur toile • 95 × 75 cm • Coll. Kunsthalle, Hambourg

Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818

Un homme solitaire, vêtu de manière élégante et nullement apprêté pour affronter la montagne, tourne le dos au spectateur. Il contemple un paysage imaginaire et tragique qui s’étend à l’infini, entre rochers et nuages. Friedrich met l’homme face à sa destinée : elle sera peuplée de périls et de rêves, et son accomplissement se fera au prix d’épreuves. C’est ainsi que Friedrich considérait l’expérience intérieure et spirituelle, comme un chemin ardu devant mener au divin.

Caspar David Friedrich, Falaises de craie à Rügen
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Caspar David Friedrich, Falaises de craie à Rügen, 1818–1819

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Huile sur toile • 90,5 × 71 cm • Coll. Kunst Museum, Winterthur

Falaises de craie à Rügen, 1818–1819

Trois promeneurs se trouvent au bord de l’abîme, symbolisée par une falaise escarpée. Au loin, se déploie la beauté calme et infinie de la mer. Le génie de ce tableau réside dans la composition qui crée un effet de progression du tragique vers l’harmonie. Il s’agit bien plus qu’une peinture de genre ou d’un paysage pittoresque. Friedrich donne à réfléchir sur les épreuves qui conduisent la vie des Hommes, fragiles silhouettes toujours prêtes à basculer dans le vide avant d’atteindre la plénitude. De nombreuses hypothèses ont été tentées quant à l’identité des personnages, qui pourraient compter un autoportrait de l’artiste.

Par • le 17 février 2020
Retrouvez dans l’Encyclo : Romantisme Caspar David Friedrich

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