Une vingtaine de personnalités parmi lesquelles le réalisateur Cyril Dion, le psychologue Boris Cyrulnik, l'activiste Camille Étienne, ou encore la sociologue Dominique Meda, appelle le futur gouvernement à suivre une formation de 20 heures sur les enjeux écologiques afin que leurs décisions ne puissent plus ignorer les faits scientifiques concernant le changement climatique et la perte de biodiversité. L’idée est de reproduire ce qui avait fonctionné pour la Convention citoyenne pour le climat.

"Ce que nous attendons, c’est que vous soyez prêts à vous former, vous ainsi que l’ensemble de l’équipe gouvernementale, car la formation est le préalable de l’action. Nous attendons de vous que vous participiez à une formation exigeante, en 20 heures, en présence, sans délégation et en suivant la méthodologie des institutions compétentes abordant la question climatique sous tous ses angles, ne se limitant pas aux enjeux énergétiques. La formation est l’essence de la transformation. Savoir, c’est pouvoir" écrivent plusieurs personnalités publiques dans une tribune publiée le 8 mai dans le Journal du Dimanche.


À l’initiative de Flora Ghebali, entrepreneure et auteure de "Ma génération va changer le monde", 17 figures de la société civile à l’instar du psychologue Boris Cyrulnik, l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, la sociologue Dominique Meda ou encore la militante pour le climat Camille Etienne, appellent Emmanuel Macron et les membres du futur gouvernement à suivre une formation sur les enjeux écologiques. Ils souhaitent ainsi reproduire ce qui avait fonctionné pour la Convention citoyenne pour le climat. Les 150 Français tirés au sort avaient eux-mêmes suivi une telle formation et s’étaient finalement accordés sur des mesures écologiques particulièrement ambitieuses.

Un manque de formation ou un choix politique assumé ? 


À l’origine de cette tribune, il y a le refus de croire que "l’insuffisance écologique du précédent quinquennat relevait d’un manque de courage, ou pire d’un manque de convictions". Une position qui ne convint pas tout le monde. L’économiste Maximes Combes, membre d’Attac, interroge de façon faussement naïve : "Si Président et ministres mènent une politique anti-écologique depuis des années, est-ce réellement en raison d’un manque de formation ? N’est-ce pas plutôt un choix politique clairement assumé de ne pas chambouler notre modèle économique ?"
Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre et auteur de plusieurs essais sur le capitalisme (Que crève le capitalisme, édition du Seuil, 2020), estime qu’il s’agit là d’une vision dépolitisée du débat. "Quelle niaiserie de croire que M. Macron et ses sbires ne mènent pas une politique écologique parce qu’ils sont mal formés ! Non. Ils ne mènent pas une politique écologique parce qu’une politique écologique desservirait les intérêts des dominants dont ils sont les factotums" fustige-t-il sur Twitter.

Des fonctionnaires mobilisés sur le terrain


Sur le terrain, la mobilisation, elle, n’a pas attendu. Le Lierre, fondé fin 2019, est un réseau de fonctionnaires engagés pour la transformation de l’action publique afin de répondre aux urgences écologique et sociale. Il réunit plus de 700 professionnels qui travaillent pour l’État, les collectivités territoriales, les hôpitaux, les universités, des grandes ONG ou apportent leurs conseils et expertises au service des politiques publiques. L’objectif est de partager des pratiques, des idées et organiser des temps de réflexions et de formation pour avancer sur le sujet écologique. Fin mars, le réseau a soutenu l’Appel des agents publics pour décarboner les services publics, lancé par le Shift Project.
"Nous voulons faire notre part dans la transition bas carbone de notre pays. Et cette part est importante. Parce que l’administration publique représente 20% de l’emploi en France. (…) Parce que nous (…) ne voulons pas que nos missions soient mises en péril par les conséquences inévitables du dérèglement climatique. (…) Parce que l’administration est au cœur de la vie quotidienne de chaque citoyen et doit, dès lors, être exemplaire. (…) Enfin, parce que nous pensons que la puissance publique aura un rôle majeur à jouer dans la transition bas-carbone de l’économie et de la société française. Aujourd’hui, c’est un changement de braquet qui doit être opéré".
Emmanuel Macron, qui ne devrait pas annoncer le nom de son futur Premier ministre avant le 13 mai, a promis que celui-ci aurait en charge la planification écologique, afin de placer le sujet au cœur de toutes les politiques. Le nouveau chef du gouvernement serait accompagné de deux ministres, l’un chargé de la planification énergétique et l’autre de la planification territoriale. Mais il n’a encore rien annoncé sur une éventuelle formation du gouvernement. En Suisse, les parlementaires viennent de suivre un cours magistral sur le changement climatique et la biodiversité. Cela fait suite à une grève de la faim qui aura tout de même duré 39 jours d’un père de famille "terrorisé" pour l’avenir de ses enfants.
Concepcion Alvarez @conce1

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