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Grande Démission: les Français prêts à de lourds sacrifices pour la semaine des 4 jours

Si les salariés veulent du changement dans leurs vies professionnelles, et ils sont prêts à démissionner pour cela, ils sont également prêts à accepter des baisses de salaires en contre-partie.

La vague est moins importante qu'aux Etats-Unis mais elle est bien présente en France. Les nouvelles aspirations des salariés (meilleur équilibre vie pro et perso, télétravail...) notamment des plus jeunes, à la suite de la crise du Covid, provoquent d'importants mouvements sur le marché du travail. C'est ce qu'on appelle "la Grande Démission". Une tendance favorisée par l'inversion du rapport de force entre employés et employeurs dans un contexte de pénurie de ressources.

Ces démissions sont ainsi en forte hausse. "Au troisième trimestre 2021, quelle que soit la tranche de taille d’établissement, elles dépassent nettement leurs niveaux pré-crise, et ce dynamisme se poursuit" note la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail.

22% des salariés français ont changé d'emploi dans les 2 dernières années

De même, le dernier rapport* annuel sur l'état du travail hybride d'Owl Labs montre que 22% des salariés français ont changé d’emploi durant les deux dernières années, et parmi ceux qui n’ont pas changé, 23% recherchent activement une nouvelle opportunité pour 2022.

Et même s'il y a souvent des regrets, les objectifs sont clairs. 38% des personnes interrogées veulent des horaires flexibles et 32% refuseraient un emploi sans cette souplesse. 23% refuseraient également un poste si l'employeur impose de travailler en présentiel tout le temps, toujours selon cette étude.

D'un autre côté, si 39% des sondés souhaiteraient passer à la semaine des 4 jours, ces derniers sont prêts à d'importants sacrifice puisque 75% accepteraient une réduction de salaire pour cette nouvelle organisation de leur emploi du temps. Un chiffre très élevé qui illustre bien un changement de paradigme dans le marché du travail.

Quelles sont les secteurs et les postes les plus concernés par les démissions? Difficile à dire. Mais les secteurs connus pour leurs salaires bas et des conditions de travail difficiles comme l'hôtellerie-restauration connaissent d'importantes hémorragies.

Des démissions et des regrets

Chez les cadres, l'aspiration à une réorganisation profonde de leur emploi du temps est nette. Dans son dernier baromètre sur l'état d'esprit des cadres, Cadremploi a relevé que 90% d'entre eux souhaitent télétravailler, alors que la moitié seulement des entreprises ont mis en place une politique concernant ce travail à distance. Ce qui pourrait constituer un argument au départ.

"Les organisations ne peuvent pas se contenter d’augmenter les salaires ou de renforcer leur marque employeur. Cela ne ferait que renforcer le consumérisme des salariés. Le véritable défi est de repenser les modèles managériaux en donnant plus de temps et d’autonomie aux collaborateurs pour permettre des relations humaines plus authentiques au travail", analysent les chercheurs d'EM Normandie dans une étude sur la question.

Mais attention aux décisions trop hâtives. Selon une étude réalisée par UKG dans plusieurs pays du monde, 62% des personnes en France qui disent avoir changé de travail durant la période de la pandémie estiment qu'elles étaient plus satisfaites dans leur ancienne activité.

Un taux bien supérieur à celui constaté chez nos voisins. Ils ne sont que 46% en Allemagne, 39% au Royaume-Uni et 34% aux Pays-Bas à regretter leur choix de mobilité professionnelle. Seuls 24% des Français estiment être pleinement satisfaits après avoir changé de job, le taux le plus bas des pays étudiés.

*Owl Labs a interrogé 2000 travailleurs à temps plein en France. Les données de cette enquête ont été recueillies en février 2022.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business