SÉRIE - UN TOUR DU MONDE DU BIJOU

En partenariat avec L’École des Arts Joailliers

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La magie berbère décryptée en 5 bijoux envoûtants

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Publié le , mis à jour le
Apporter la prospérité, la fécondité, chasser le mauvais œil… Sortes de carte d’identité des femmes d’Afrique du Nord, les bijoux dits « berbères » sont truffés de symboles, apprend-on à L’École des Arts Joailliers qui propose « Un Tour du monde du bijou », le temps d’un passionnant cours de deux heures. L’occasion de décrypter quelques joyaux transmis de génération en génération : bracelets (pour les poignets ou les chevilles), ornements de tête, boucles d’oreilles, colliers, fibules… un fabuleux patrimoine en argent, à porter !

Les pays du Maghreb, appartenant au monde arabo-musulman depuis la conquête arabe dans la seconde moitié du VIIe siècle, ont su préserver une longue tradition identitaire en matière de bijoux. Les parures féminines se transmettent de mères en filles. Ces accessoires précieux constituent généralement une dot pour le mariage et peuvent être, à cette occasion, fondus ou remontés. Ils sont aussi nomades : on porte et l’on emporte sur soi sa fortune ! Emblèmes de la vie sociale et de l’appartenance à un groupe, les bijoux d’Afrique du Nord partagent, dans leurs formes, matériaux, motifs et usages, de nombreux éléments reconnaissables.

1. De l’argent et des couleurs symboliques

Les bijoux berbères sont généralement en argent ou en cuivre recouvert d’argent. Ce métal précieux est issu de bijoux vendus ou cassés mais provient aussi de la fonte des pièces de monnaie – ces dernières peuvent directement être remployées dans les parures ! L’argent, qui peut être massif ou d’un alliage à « faible titre », permet tous les savoir-faire : du métal ajouré, repoussé, estampé, gravé, ciselé… Que l’on rehausse de pierres dures ou de verre, d’émail cloisonné, et notamment encore d’ambre, de corail ! À ce titre, les couleurs ont des fonctions prophylactiques (elles soignent les maux) et apotropaïques (elles conjurent le mal). Ainsi du bleu (couleur céleste) et du vert (couleur du Prophète) qui chassent le mauvais œil ; du rouge qui stoppe les hémorragies et écarte la foudre ou encore du jaune qui renvoie au soleil et à la vie…

Diadème porté par les « chikhates », danseuses et chanteuses de métier, et originaires de la tribu Chleuh, Maroc (détail)
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Diadème porté par les « chikhates », danseuses et chanteuses de métier, et originaires de la tribu Chleuh, Maroc (détail), XXe siècle

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Coll. musée du quai Branly – Jacques Chirac • © musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Claude Germain

2. Us et costumes de la fibule

L’usage de la fibule remonte à l’âge de Bronze et s’est largement répandu dans l’Antiquité en Méditerranée où elle servait déjà à retenir ensemble deux pans de vêtements, un drap ou un foulard. En Afrique du Nord, ce bijou, fonctionnel et ornemental à la fois, demeure une pièce phare de la parure féminine, notamment dans la région de Tiznit, dans le sud du Maroc, ou encore dans les montagnes kabyles d’Algérie, où il est un véritable emblème de fierté. Le système d’attache de la fibule n’a pas varié au cours du temps et épouse généralement deux formes : il peut être circulaire (tabzimt) ou triangulaire. Porté inversé, le triangle, version stylisé du « bon œil », symbolise la fécondité, la naissance.

Fibules et parure pectorale « Tizerzaï » (population Ida ou Semlal)
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Fibules et parure pectorale « Tizerzaï » (population Ida ou Semlal), première moitié du XXe siècle

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Coll. musée du quai Branly – Jacques Chirac • © musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Claude Germain

3. Des images cosmiques pour la fertilité

Qu’importe sa forme, sa matière, sa couleur ou son style, le bijou berbère attire la bonne fortune ou conjure le mauvais sort. Les motifs cosmogoniques tiennent une place importante pour leurs valeurs protectrices : étoile, lune, soleil placent les femmes sous les auspices de la fécondité. Autre exemple, le croissant renvoie à la matière qui naît, grandit et meurt. Une vertu que d’autres civilisations du globe, comme les Indiens navajos, lui prêtent également.

Collier « Malaab » : Parure à l’usage des femmes mariées de Djerba (détail)
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Collier « Malaab » : Parure à l’usage des femmes mariées de Djerba (détail), fin du XIXe siècle – début du XXe siècle

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Coll. musée du quai Branly – Jacques Chirac • © musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Michel Urtado / Thierry Ollivier

4. Un poisson pour la baraka

Chez les Phéniciens, le poisson (houta) est associé au culte de Tanit, déesse carthaginoise, en tant que symbole de chance. Présent dans le christianisme, où il renvoie à Jésus, le poisson est aussi visible dans l’iconographie des pays arabo-musulmans, en particulier dans les arts décoratifs de Tunisie. Gravé ou moulé dans l’argent, l’animal, qui garde toujours les yeux ouverts, permettrait d’éloigner le mauvais œil ! Et parce qu’il produit des œufs en abondance, il est aussi gage de fécondité.

Pendentif en forme de poisson « houta », Tunisie
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Pendentif en forme de poisson « houta », Tunisie, XXe siècle

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Coll. musée du quai Branly – Jacques Chirac • © musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / image musée du quai Branly – Jacques Chirac

5. La khamsa, les mains protectrices

C’est le plus connu (et l’un des plus anciens) des signes d’Afrique du Nord : khamsa en arabe veut dire cinq ; cinq comme les cinq doigts de la main. Au moment de la colonisation en Algérie, vers 1830, on lui donne aussi l’appellation de « main de Fatma (ou Fatima) ». On trouve la khamsa sur quantité de bijoux et amulettes d’Afrique du Nord, de confession musulmane comme juive, ayant tous la même fonction magico-religieuse : repousser le mal. Selon ces croyances, la khamsa vous garde du « mauvais œil » qui est parfois directement représenté sur la main ou stylisé par un rond de couleur. La main de Fatma absorbe la jalousie ou l’hostilité que l’on peut vous vouer, elle les neutralise.

Pendentif en forme de main « khamsa », Maroc
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Pendentif en forme de main « khamsa », Maroc, début du XXe siècle

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Coll. musée du quai Branly – Jacques Chirac • © musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / image musée du quai Branly – Jacques Chirac

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Pour aller plus loin...

Rendez-vous au cours « Un tour du monde du bijou », à L'École des Arts Joailliers

Lieu d’échanges et de partage, L’École des Arts Joailliers a été fondée en 2012. Avec le soutien de la maison Van Cleef & Arpels, cette école unique en son genre fait découvrir le bijou sous toutes ses facettes et au plus grand nombre.

Le cours “Un tour du monde du bijou” : 5 continents, 5 escales précieuses pour explorer l’évolution du bijou à travers les époques et les civilisations
Un cours de 2h30, ouvert à tous, tenu par un gemmologue et un historien de l’art
Réservations : www.lecolevancleefarpels.com

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L'École des Arts Joailliers

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