17mai17 mai : les droits LGBT progressent mais l'acceptation laisse encore à désirer

Par Gabriel Moullec le 17/05/2022
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À l'occasion ce 17 mai de la journée mondiale contre l'homophobie, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) publie un rapport intitulé "Orientation sexuelle, identité de genre et intersexuation : de l’égalité à l’effectivité des droits". Vaste programme…

"Passer de l’égalité en droits à l’égalité en faits". En ce mardi 17 mai, journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dévoile un rapport de près de 500 pages sur les discriminations dont font l'objet les personnes LGBTI en France, formulant près de 100 recommandations pour une société plus inclusive.

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"Si la tolérance envers les personnes LGBTI s’est considérablement accrue depuis les années 60, celle-ci ne signifie pas acceptation ni intégration mais seulement normalisation", relève la CNCDH, qui constate après un sondage en ligne que plus de 50% des personnes hétérosexuelles interrogées "considèrent que l’homosexualité est 'un choix', que les personnes LGBTI font donc le choix d’être 'en dehors de la norme'", ce qui "peut justifier des comportements discriminatoires à l’égard des personnes LGBTI". Par ailleurs, l'acceptation diffère selon l'identité sexuelle : par exemple, "33% des personnes hétérosexuelles considèrent qu’un enfant transgenre doit être soigné" et "les personnes interrogées sont plus gênées par des hommes qui s’embrassent que par deux femmes qui s’embrassent".

L'acceptation des LGBT selon l'appartenance sociale

En étudiant les facteurs de cet "hétérosexisme", c'est-à-dire "un système de valeurs dans lequel l’hétérosexualité est perçue comme  norme sociale, supérieure aux autres orientations sexuelles", le rapport s'est aperçu qu'"à l’encontre  des idées facilement reçues, l’âge, le niveau de diplôme, et le fait de vivre dans  une grande ville ou non n’impactent pas vraiment les niveaux d’acceptation" mais que ceux-ci sont plutôt déterminés par les appartenances sociales : "C’est le genre, la  religiosité et l’identité politique qui influencent le plus l’acceptation". Pour résumer, les femmes sont plus tolérantes que les hommes, l'hétérosexisme augmente avec la religiosité, et le vote de gauche signe une acceptation des LGBTI plus forte que le vote de droite.

Pour lutter contre cet hétérosexisme et les actes LGBTphobes qui en découlent, le rapport produit une centaine de recommandations dont 18 ont été classé "prioritaires". La CNCDH met notamment sur la table "la création d’un observatoire national des discriminations à l’école, incluant les questions LGBTI", la permission pour "un parent transgenre d’établir un lien de filiation, dès la grossesse ou la naissance, en accord avec son sexe tel qu’il est mentionné à l’état civil" ou encore la mise en place d'un "outil de mesure des propos et discours LGBTIphobes et discriminants dans les médias audiovisuels".

Sensibiliser à l'école et dans les médias

"Les deux milieux qui sont les plus fructueux en termes de diffusion et de familiarisation avec les enjeux de la cause LGBTQI+ sont l’école et les médias, ce sont sur ces deux points qu’il faudrait insister", analyse auprès de têtu· la juriste et rapporteuse de la commission qui a produit ce rapport, Dominique Remy-Granger. Se disant "optimiste", elle souligne que "la France est plutôt bien placée en matière de droits LGBTQI+" mais appuie sur le besoin "d'insister sur la co-construction entre les élus, les associations, et les personnes concernées car les élus eux seuls ne sont pas suffisamment alertés sur les enjeux de la cause LGBTQI+, ce qui participe bien souvent à les minimiser et les marginaliser".

Relevant enfin que les actes LGBTphobes, dont le nombre a doublé depuis 2016, sont "encore sous-documentés", la CNCDH préconise d'améliorer le recueil des données "notamment en systématisant les qualifications, en étudiant les actes antiLGBTI dans toute leur diversité et en prenant en compte l’intégralité des aspects de la vie des personnes". Et pour lutter contre la sous-déclaration par les victimes, elle propose en particulier "de mieux faire connaître les moyens de porter plainte, d’améliorer la formation des forces de l’ordre et des magistrats et le dispositif de pré-plainte en ligne". Bref, pour qui en doutait : la route est encore longue et nos luttes nécessaires…

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Crédit photo : Elodie Hervé pour têtu·