Polémique sur le burkini: est-il autorisé en Belgique?

En pleine campagne électorale, le sujet embrase une nouvelle fois la France : le maire de Grenoble a autorisé le port du burkini dans les piscines de la ville. Chez nous, Unia considère qu’«une interdiction générale constitue une forme de discrimination».

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Le sujet revient régulièrement agiter (polluer ?) le débat politique français. Lundi, le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a fait voter l’autorisation du port de ce maillot intégral dans les piscines municipales. Certains y ont vu une «capitulation» face à l’islamisme : le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le très à droite Laurent Wauquiez (Les Républicains) a menacé de priver Grenoble de subsides.

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Le non moins conservateur Eric Ciotti (LR, lui aussi) a déposé une proposition de loi pour interdire le burkini. Et le grand allié d’Emmanuel Macron, le président du MoDem François Bayrou, a également critiqué la décision d’Eric Piolle. «C’est un signal d’encouragement à une volonté religieuse militant», a-t-il dénoncé.

En France, le sujet polarise depuis des années la classe politique. À part Grenoble, le port de ce vêtement couvrant le corps des femmes est très majoritairement interdit dans les piscines françaises ; il n’y aurait que quelques exceptions, comme à Surgères (Charente-Maritime) ou à Rennes, selon FranceInfo.

Pas d'interdiction généralisée en Belgique

Chez nous, le burkini fait moins de vagues. Certaines piscines l’autorisent, comme à Bruxelles, la piscine communale d’Anderlecht. L’hygiène et la sécurité sont les arguments généralement évoqués pour interdire aux baigneuses le port du burkini dans les piscines communales. À titre d’exemple, le règlement des piscines de la ville de Bruxelles stipule que «les nageurs, nageuses, gymnastes sont tenus de mettre un costume de bain ou de gymnastique compatible avec les bonnes mœurs et l'hygiène. (…) Les shorts et les bermudas sont strictement interdits. Il en est de même des jupettes, combinaisons de plongée, combinaisons shorty et burkinis».

Dans un rapport rendu début 2022, Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances, a démonté certains des arguments avancés par les communes pour interdire le burkini. «Une interdiction générale constitue une forme de discrimination» jugeait le rapport, pour qui le point de vue hygiénique, notamment, ne peut justifier d’une interdiction.

«Une interdiction pour raisons d’hygiène n’est pas envisageable. Le maillot de bain couvrant l’entièreté du corps est de la même matière que les autres maillots de bain et n’a donc aucun impact sur la qualité de l’eau» expliquait Unia, après avoir consulté l’Agence Soins et Santé flamande (Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid).

Décisions communales

En 2018, le tribunal de première instance de Gand avait déjà affirmé dans deux jugements qu’une piscine publique ne peut interdire aux baigneuses le port du burkini pour des raisons d’hygiène ou de sécurité.

S’appuyant également sur l’avis de la Genderkamer flamande, Unia concluait dans son rapport que «ce type de tenue ne représente pas [non plus] un danger pour l’égalité entre hommes et femmes. D’après elle, on ne peut pas dire d’un vêtement porté volontairement qu’il constitue une atteinte à l’égalité entre hommes et femmes. L’argument de l’égalité ne peut donc pas être utilisé pour s’opposer à un vêtement de ce type. Le fait que le vêtement soit perçu par certains comme trop peu conventionnel ou trop prude, voire comme étrange, ne suffit pas à justifier une interdiction».

"On n'est pas pour ou contre le maillot intégral, balisait alors Patrick Charlier, directeur d’Unia. Je parle ici de maillot intégral car les femmes musulmanes ne sont pas les seules à y avoir recours. Certaines personnes, pour des raisons de santé ou de handicap, en portent également».

Dans son rapport, Unia indiquait avoir reçu 35 signalements relatifs au port du Burkini ou à son interdiction, pour les années 2018-2019.

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