NIVEAUX D'ALERTEGaz à effet de serre, mer ou température ont pété tous les records en 2021

Changement climatique : Quatre marqueurs clés ont battus des records en 2021, alerte l'ONU

NIVEAUX D'ALERTEAntonio Guterres a dénoncé « une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique »
Si les jeunes se mobilisent face à l'urgence climatique, le chef de l'ONU se désespère de l'inaction des gouvernements actuels.
Si les jeunes se mobilisent face à l'urgence climatique, le chef de l'ONU se désespère de l'inaction des gouvernements actuels. - Paulo Amorim / VWPics/SIPA  / SIPA
Xavier Regnier

X.R. avec AFP

Pas une, ni deux ou trois, mais bien quatre sonnettes d’alarmes viennent d’être tirées par l’ONU sur le dérèglement climatique. Par la voix de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui publie ce mercredi son « Etat du climat mondial en 2021 », l’organisation internationale met en évidence les records battus par quatre marqueurs clés du changement climatique : les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation du niveau de la mer, la température et l’acidification des océans.

Ce rapport est « une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique », dénonce le chef de l’ONU, Antonio Guterres. « Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique », met-il en garde, exhortant à « mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d’incinérer notre seule maison. »

A 0,4 degré de l’accord de Paris

Le rapport confirme que les sept dernières années étaient les sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Même malgré le phénomène météorologique La Nina, qui a eu un effet refroidissant sur les températures mondiales en début et en fin d’année, 2021 reste l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température mondiale moyenne d’environ 1,11 degré Celsius au-dessus du niveau préindustriel. Pour rappel, l’ accord de Paris de 2015 sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.

« Notre climat change sous nos yeux », a déclaré le chef de l’OMM, Petteri Taalas. « La chaleur piégée par les gaz à effet de serre d’origine humaine réchauffera la planète pendant de nombreuses générations à venir. L’élévation du niveau de la mer, la chaleur et l’acidification des océans se poursuivront pendant des centaines d’années à moins que des moyens d’éliminer le carbone de l’atmosphère ne soient inventés. »

Records battus

Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau sommet mondial en 2020, lorsque la concentration de dioxyde de carbone (CO2) a atteint 413,2 parties par million (ppm) dans le monde, soit 149 % du niveau préindustriel. Le niveau moyen mondial de la mer a lui atteint un nouveau record en 2021, après avoir augmenté en moyenne de 4,5 millimètres par an de 2013 à 2021, selon le rapport. Il avait affiché une hausse moyenne de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002, l’augmentation entre les deux périodes étant « principalement due à la perte accélérée de masse de glace des calottes glaciaires », souligne le document.

La température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière, dépassant la valeur de 2020, selon le rapport. La combinaison de ces quatre indicateurs clés « construit une image cohérente d’un monde en réchauffement qui touche toutes les parties de la planète », indique le rapport. Et ces différents marqueurs pourraient se renforcer mutuellement. Ainsi, L’océan absorbe environ 23 % des émissions annuelles de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère. Bien que cela ralentisse l’augmentation des concentrations atmosphériques de CO2, ce dernier réagit avec l’eau de mer et conduit à l’acidification des océans.

« La transformation des énergies renouvelables peut être le projet de paix du XXIe siècle »

La chaleur pénétrant toujours plus profond, les 2.000 premiers mètres de l’océan vont aussi continuer à se réchauffer, « un changement irréversible sur des échelles de temps centenaires à millénaires » selon l’OMM. Pendant ce temps, le rapport indique que le trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique est « exceptionnellement profond et étendu » de 24,8 millions de kilomètres carrés en 2021, entraîné par un vortex polaire fort et stable.

António Guterres a proposé cinq actions pour relancer la transition vers les énergies renouvelables « avant qu’il ne soit trop tard » : mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, tripler les investissements dans les énergies renouvelables, supprimer les formalités administratives, sécuriser l’approvisionnement en matières premières pour les technologies d’énergies renouvelables et faire de ces technologies, telles que le stockage sur batterie, des biens publics mondiaux librement disponibles. « Si nous agissons ensemble, la transformation des énergies renouvelables peut être le projet de paix du XXIe siècle », a-t-il déclaré.

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