Cette année, la Sibérie devrait battre de nouveaux records tant les flammes la dévorent. Les mégafeux sont déjà deux fois plus importants que ceux de l’année précédente à la même période, alerte le Moscow Times. La saison des feux de 2021 était déjà “la plus grave que la Russie ait jamais connue”.

Selon Alexander Chupryan, le ministre par intérim des Urgences, le pays fait depuis le début de l’année face à plus de 4 000 feux de forêt étalés sur 270 000 hectares. Soit “une superficie plus grande que le Luxembourg”, précise le titre russe indépendant.

Selon le ministre, rien que la semaine du 2 mai, seize personnes ont perdu la vie à cause des feux de forêt.

Le 10 mai, lors d’une réunion en visioconférence diffusée sur les chaînes d’État, le président russe, Vladimir Poutine, a réclamé des “actions” de la part des responsables régionaux. Il a argué que l’été 2021 ne pouvait “se répéter”, soulignant le danger pour les habitants ainsi que les conséquences environnementales et économiques, rapporte l’agence de presse Reuters.

Double front pour le pays en guerre

La Russie devrait pourtant rencontrer des difficultés pour faire face aux mégafeux, faute de ressources et de main-d’œuvre. Tous les efforts du pays sont en effet tournés vers la guerre en Ukraine, souligne le quotidien américain The Washington Post. “L’an dernier, lorsque les incendies se sont intensifiés à l’approche de l’été, les militaires ont souvent été sollicités pour aider les pompiers. Les hélicoptères et les avions peuvent larguer des tonnes d’eau sur les feux tandis que des milliers d’hommes s’activent à terre à travers les marais et une atmosphère de fournaise pour éteindre les flammes.”

Cette année 2022, les feux ont débuté dès mars dans l’est de la Sibérie. Un mois plus tard, en avril, les dégâts dépassaient déjà ceux de 2021, s’alarmait alors le Moscow Times dans un autre article, citant des informations du quotidien de Moscou Kommersant.

Un tweet de l’association civile d’Omsk, près de la frontière kazakhe, s’agaçait alors de l’inaction du gouvernement : “Dans la région d’Omsk, plus de cent hectares de forêt de pins sont partis en fumée le long de l’autoroute de Tcherlak. On peut voir les colonnes de fumée à des dizaines de kilomètres à la ronde, même depuis Omsk.”

“Pendant ce temps, le gouverneur de la région organise des célébrations [en l’honneur de Poutine] et on ne sait pas vraiment ce que fabrique le ministre régional chargé des situations d’urgence.”

Le danger est croissant. La communauté scientifique s’accorde en effet sur la gravité des répercussions de ces mégafeux, qui s’intensifient avec le réchauffement climatique. Les incendies provoquent d’importants rejets de carbone et accélèrent la fonte du permafrost, libérant du méthane.

Alexeï Yaroshenko, à la tête du programme pour la forêt de Greenpeace Russie, affirme à Reuters :

“Rien n’a changé depuis l’an dernier. Il est probable qu’on se dirige vers une nouvelle saison de mégafeux inédits.”