À 24 ans, Melvin parvient enfin à préparer sereinement son projet professionnel dans le théâtre : « J’ai d’abord été inscrit au Cours Florent mais, seul, le coût de la vie parisienne n’était pas soutenable. » Après une violente rupture familiale, Jeanne, elle, a pu se loger en attendant le renouvellement de son titre de séjour. Quant à Abdelkarim, 21 ans, il vient de passer son permis de conduire et a enfin « l’impression d’avancer ».

→ LES FAITS. La précarité des jeunes continue d’inquiéter les associations

Ces trois jeunes Lyonnais en quête d’une nouvelle vie font partie des bénéficiaires du revenu solidarité jeunes (RSJ), imaginé par la métropole de Lyon pour lutter contre la précarité de la jeunesse et lancé au mois de mai 2021. « Nous n’avons pas encore une grande prise de recul, mais je crois pouvoir dire que c’est une réussite ! », estime le président de la collectivité Bruno Bernard, qui a dévoilé les premiers résultats de son évaluation, ce jeudi 19 mai.

En une année de fonctionnement, le dispositif a aidé un millier de jeunes entre 18 et 24 ans par le versement d’une allocation, entre 300 et 400 € par mois, et un accompagnement vers l’insertion et l’autonomie auprès d’une des 16 structures mandatées, mission locale ou association.

42 % des jeunes sur le chemin de l’emploi ou de la formation

La métropole tient à rappeler le rôle ponctuel du RSJ : « L’idée reste d’agir dans les situations d’urgence et d’offrir une possibilité de transition », explique Séverine Hemain, vice-présidente en charge de la politique d’insertion et de l’emploi sur le territoire. Parmi les bénéficiaires, 335 jeunes en sont ainsi déjà sortis : 42 % ont retrouvé le chemin de l’emploi ou de la formation, et 17 % ont accédé à d’autres dispositifs de droit commun ou d’aides sociales.

→ ENTRETIEN. « Le revenu d’engagement pour les jeunes doit être un droit, pas un dispositif »

Six mois après l’annonce du « contrat d’engagement jeune », qu’ils voient comme un signal positif « bien que les critères soient très exigeants », les élus métropolitains affirment travailler avec le gouvernement pour éviter la mise en concurrence et assurer leur efficacité pour celles et ceux qui restent « au bord du chemin ».

Un dispositif en cours d’amélioration

Si le dispositif a vocation à s’inscrire dans la durée, l’évaluation en cours doit permettre d’y apporter des améliorations. La métropole a déjà procédé à quelques ajustements, pour faciliter les versements sur un livret A ou régler le problème du quotient familial pour les jeunes rattachés au foyer de leurs parents.

Mais la priorité reste l’accès aux droits, dont le logement, qui « fragilise fortement » le parcours d’accompagnement. Le manque de connaissance du dispositif reste aussi un frein, selon Laurent, instructeur au sein de l’association Acolea : « Le bouche-à-oreille fait progressivement effet, mais pour ces jeunes, souvent éloignés du système, le plus efficace reste une présence sur le terrain. »

L’association, qui a instruit 82 dossiers cette année, peine à recruter un second instructeur pour élargir son périmètre d’action. En 2022, le budget prévu pour le RSJ par la collectivité est de 4 millions d’euros, contre 2 millions pour ces dix premiers mois d’expérimentation.