La Ville de Villejuif (Val-de-Marne) pensait l’affaire pliée en juin 2021 : après de nombreux mois où le fort de la Redoute, appartenant à l’Etat, était occupé illégalement par un bidonville habité par des Roms, l’évacuation des lieux était officiellement lancée par les services de l’Etat.
Restait à engager la dépollution des lieux. Sauf que depuis, Villejuif est sans nouvelles de l’Etat. Ce qui conduit la municipalité à envisager une action en justice.
« Un scandale écologique »
Sous la chaleur que connait le Val-de-Marne ces derniers jours, le parc des Hautes-Bruyères connaît l’engouement certains des habitants de Villejuif : un couple y est posé à l’ombre d’un arbre, un courageux y fait son footing, des enfants font une bataille de pistolets à eaux… Difficile d’imaginer qu’à quelques mètres d’eux seulement, caché par une végétation luxuriante, se trouve une décharge à ciel ouvert de quelques 50 000 m3, selon la Ville de Villejuif. Et les déchets qui s’y trouvent ne sont pas anodins. Pierre Garzon, maire (PCF) de la ville, souligne : « On y trouve des matériaux potentiellement dangereux, avec du plomb, de l’amiante, du mercure, du cyanure… C’est un scandale écologique qui se situe derrière moi ».
Et d’ajouter :
"Ces dépôts de substances et matériaux potentiellement dangereux nuisent gravement à la qualité de l’air, des sols et des eaux qui s’écoulent de cet espace classé zone naturelle sensible"
Avec Michel Leprêtre, président (PCF) du territoire Grand Orly Seine Bièvre, et Flore Munck, conseillère départementale (PCF), il tenait ce mercredi 18 mai 2022 une conférence de presse pour annoncer le lancement d’une action en justice contre l’Etat pour obtenir la remise en état du site.
« Nous ne demandons ni plus, ni moins, que ce que l’Etat réclamerait de n’importe quel propriétaire privé. Nous ne pouvons accepter cette situation et réclamons une dépollution rapide. D’autant que le chantier de la gare Gustave-Roussy avance bien. D’ici 2024, la ligne 14 sera à Villejuif et le campus Grand Parc en cours de réalisation. Il faut une mobilisation d’Etat », déclare le maire de Villejuif.
Dans sa démarche, Pierre Garzon est en lien avec le Conseil départemental du Val-de-Marne et son président Olivier Capitanio (LR), la sénatrice Sophie Taillé-Polian (Générations) ainsi que les maires des villes voisines de Cachan, L’Haÿ-les-Roses et Arcueil, Vincent Jeanbrun (LR), Hélène de Comarmond (PS) et Christian Métairie (EELV).
De son côté, Michel Leprêtre estime qu’il est « du devoir du territoire » de soutenir Villejuif : « Je considère que les grandes décisions pour l’écologie prônées par le gouvernement ne viendront qu’avec les actes sur le terrain. C’en est un. Que l’Etat prenne ses responsabilités. Il y a beau jeu ensuite de dire au citoyen qu’il doit trier ses déchets, changer de voiture pour le climat ».
Corinne Lepage, avocate et militante écologique, défendra les intérêts de la collectivité.
Quid du campus cancer sur ce terrain ?
La Ville de Villejuif s’inquiète d’autant plus qu’il y a 16 mois, le président de la République Emmanuel Macron, en visite à l’Institut Gustave-Roussy, s’était engagé auprès du maire de Villejuif, Pierre Garzon, à conforter la vocation science et santé du site de la Redoute des Hautes-Bruyères.
« Une déclaration présidentielle, dans le cadre d’une visite liée à la lutte contre le cancer, cela acte les choses de manière officielle, estime Michel Leprêtre. Plus personne ne doute aujourd’hui que le site s’intègre dans le projet de campus ».
Selon les dernières estimations, le coût de dépollution du site du fort de la Redoute serait entre 15 et 20 millions d’euros. Un chiffre qui pourrait grimper avec le temps.