Ecole, sport, burqa… ces libertés perdues par les femmes en Afghanistan depuis le retour des talibans

Au pouvoir depuis plus de neuf mois, le régime des talibans réduit chaque jour un peu plus les droits des femmes. Tour d’horizon de ces mesures restrictives.

 Une femme afghane portant une burka sort d’une petite boutique, à Kaboul, en Afghanistan, dimanche 5 décembre 2021.

Une femme afghane portant une burka sort d’une petite boutique, à Kaboul, en Afghanistan, dimanche 5 décembre 2021. PETROS GIANNAKOURIS / AP / SIPA

Chassez le naturel, il revient au galop. Depuis leur prise de pouvoir le 15 août dernier en Afghanistan, les talibans ont réimposé une série de restrictions à la société civile, dont une grande partie vise à soumettre les femmes à leur conception intégriste de l’islam.

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Ils les ont largement exclues des emplois publics, ont restreint leur droit à se déplacer ou encore ont dicté la manière dont elles doivent se vêtir. « L’Obs » revient sur les principales mesures imposées ces derniers mois par le pouvoir en place aux femmes en Afghanistan.

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• Ecole

Les talibans ont ordonné le 23 mars la fermeture des collèges et lycées pour les filles en Afghanistan, quelques heures seulement après leur réouverture. Le ministère de l’Education avait pourtant annoncé la reprise des cours pour les filles dans plusieurs provinces, sauf celle de Kandahar (Sud), berceau des fondamentalistes au pouvoir.

Les talibans ont également annoncé que les Afghanes pourraient étudier à l’université, mais dans des classes non mixtes, et avec abaya (vêtement long traditionnel) et niqab (voile couvrant tout le visage sauf les yeux) obligatoires. Elles pourront aussi travailler mais « dans le respect des principes de l’islam ».

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• Burqa

Au début du mois de mai, le chef suprême des talibans a émis un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public, y compris le visage, idéalement avec la burqa, un voile intégral doté d’une grille en tissu au niveau des yeux, déjà obligatoire lorsqu’ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001. Auparavant, seul un foulard couvrant les cheveux suffisait.

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« Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles doivent voiler leur visage, à l’exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d’éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme » qui n’est pas un proche membre de leur famille, indique ce décret. Et si elles n’ont pas de raison d’aller à l’extérieur, il est « mieux pour elles de rester à la maison ».

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• Politique

Quelques semaines après leur prise de pouvoir, les talibans ont fermé, le 17 septembre, le ministère des Affaires féminines pour le remplacer par celui de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, craint pour son fondamentalisme durant leur premier règne, il y a vingt ans. Ce nouveau ministère est chargé d’appliquer strictement des interprétations strictes de l’islam.

Bien qu’ils aient insisté sur le fait qu’ils gouverneraient de manière plus modérée qu’entre 1996 et 2001, les talibans n’ont pas autorisé la plupart des femmes à reprendre le travail. Aucune femme ne faisait partie d’ailleurs des ministres du nouveau gouvernement taliban.

• Emploi

Les talibans ont également ordonné que les femmes travaillant au sein du gouvernement soient licenciées si elles ne respectaient pas le nouveau code vestimentaire. Les employés de sexe masculin risquent également d’être suspendus si leurs épouses ou leurs filles ne s’y conforment pas.

Si les talibans disent autoriser les femmes à travailler dès lors que la ségrégation des sexes est respectée, dans les faits, elles n’ont plus accès aux emplois publics, hormis dans des domaines spécialisés, comme la santé et l’éducation.

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• Culture

Les présentatrices des grandes chaînes d’informations télévisées afghanes se sont vu, elles aussi, forcées de se couvrir le visage à l’antenne. Les journalistes femmes avaient d’abord choisi de ne pas se plier à cet ordre, en passant à l’antenne en direct sans dissimuler leur visage. Avant de faire volte-face à cause des menaces de représailles.

Cette directive arrive quelques semaines après la demande du ministère aux Télévisions afghanes de ne plus diffuser de « feuilletons et séries à l’eau de rose dans lesquels des femmes » jouent, et de faire en sorte que les femmes journalistes portent « le voile islamique » à l’écran.

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• Sport

Dans un entretien à la chaîne de télévision australienne SBS, le chef adjoint de la Commission culturelle des talibans a affirmé dès septembre dernier que la pratique du sport pour les femmes n’était « ni nécessaire, ni appropriée ». Ces propos sont partis d’une question sur le cricket, sport en vogue dans cette partie du monde.

Le régime taliban a depuis interdit la pratique du sport aux femmes du pays, contraire selon eux à leur pratique religieuse.

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• Transport et voyage

Des responsables talibans de la ville de Hérat, dans l’ouest du pays, ont demandé aux moniteurs d’écoles de conduite de ne plus délivrer de permis aux femmes.

Les talibans ont annoncé auparavant que les femmes désirant voyager sur de longues distances devraient désormais être accompagnées par un homme de leur famille proche. La recommandation, publiée par le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice et qui circulait sur les réseaux sociaux, appelle également les conducteurs à n’accepter des femmes à bord de leur véhicule que si elles portent le « voile islamique ».

• Espace public

A Hérat, les autorités talibanes de la ville de Hérat ont poursuivi leur répression en interdisant aux hommes et femmes de manger ensemble au restaurant, y compris s’ils sont mariés.

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Si l’Afghanistan est un pays profondément conservateur et patriarcal, il est normal de voir des hommes et femmes, ou des familles, ensemble à table au restaurant, en particulier à Hérat qui a longtemps été considérée comme relativement progressiste par rapport au reste du pays. Les talibans ont aussi imposé la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de Kaboul, avec jours de visites imposés pour chaque sexe.

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Après vingt années d’occupation par les Etats-Unis et leurs alliés, qui les en avaient chassés en 2001, les talibans avaient promis de se montrer cette fois-ci plus souples. Mais ils ont rapidement renié leurs promesses, érodant à nouveau progressivement les droits et balayant deux décennies de libertés conquises par les femmes, conformément à leur interprétation ultrarigoriste de la charia, la loi islamique.

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