Accusé d’écocide, Bolsonaro s’en remet à Elon Musk pour sauver l’Amazonie (et sa peau)

Accusé d’écocide, Bolsonaro s’en remet à Elon Musk pour sauver l'Amazonie (et sa peau)
Au mois d’avril, la forêt amazonienne a été amputée de plus de 1000 km². Rich Carey / Shutterstock.com

La forêt amazonienne n’a jamais été aussi maltraitée que sous le mandat de Jaïr Bolsonaro. Alors que les preuves s’accumulent contre le président brésilien, ce dernier a demandé de l’aide à Elon Musk afin de rétablir « la vérité  » sur la déforestation du poumon de la planète.

 

Le 20 mai dernier, AllRise, une ONG qui milite pour la justice climatique et environnementale, envoyait à la Cour pénale internationale de nouvelles preuves de la déforestation massive de la forêt amazonienne. Une nouvelle mise en accusation qui vient s’ajouter à une pile de dossiers déjà bien fournie concernant les conséquences désastreuses du mandat de Jaïr Bolsonaro, président du Brésil, sur la forêt amazonienne, poumon de la planète.

En début d’année, Greenpeace Brésil alertait déjà sur l’ampleur de ce phénomène en mettant en exergue une « augmentation de 418 % » du nombre de kilomètres de forêts déboisées par rapport à janvier 2021. Rappelons également que, le mois dernier, la déforestation de la forêt amazonienne a battu un nouveau et triste record « avec plus de 1000 km² déboisés ».

Jaïr Bolsonaro, champion de la déforestation

Comme le note Reporterre, ces chiffres « font écho aux niveaux de déforestation records observés depuis l’arrivée au pouvoir de Jaïr Bolsonaro », accusé de favoriser l’impunité des orpailleurs, agriculteurs et autres trafiquants de bois.

« C’est un véritable retour en arrière qui s’opère sous le mandat de Jaïr Bolsonaro, l’Amazonie étant aujourd’hui en proie à un véritable écocide »

« La politique de Jair Bolsonaro en faveur des industriels est absolument destructrice. C’est un véritable retour en arrière qui s’opère sous son mandat, l’Amazonie étant aujourd’hui en proie à un véritable écocide », souligne Greenpeace. L’ONG déplore également une situation néfaste pour le climat, la forêt n’étant plus en mesure d’assurer son rôle de puits de carbone puisque « l’Amazonie émettrait aujourd’hui plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en absorbe ».

Cette situation impacte également les populations locales. L’édition 2020 du Baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil pointait d’ailleurs du doigt la progression alarmante et généralisée de la violence à l’encontre des communautés autochtones.

Des conclusion qui ne sont pas au goût de Jaïr Bolsonaro. L’homme d’État, coutumier des fakes news sur le climat, souhaite « montrer au monde la vérité sur l’Amazonie, cette région si convoitée par d’autres pays » afin de prouver que cette dernière est « préservée ».

Pour assouvir ses ambitions, le président brésilien compte bien se faire aider par un joker de luxe : le multimilliardaire Elon Musk.

Empêtré dans le feuilleton à rebondissements de son potentiel rachat de Twitter, le propriétaire de Tesla s’est en effet attribué les rênes d’un énième projet. Après avoir voulu « sauver  » l’oiseau bleu des mains des gauchistes, l’homme d’affaire souhaite désormais préserver les vrais oiseaux (entre autres) en lançant un vaste programme de « surveillance environnementale de l’Amazonie » par satellites.

Elon Musk aurait ainsi demandé à installer, au dessus de la plus grande forêt tropicale du monde, environ 40 000 satellites dotés d’un système de laser qui détecterait le bruit des tronçonneuses.

Une opération de communication

Mais, comme le note Oliver Stuenkel, professeur de Relations internationales à la Fondation Getulio Vargas, pour TV5 Monde, « les spécialistes estiment que le problème de la déforestation n’est pas le manque de surveillance » – le système brésilien étant déjà très sophistiqué – mais plutôt le « manque de contrôles » de la part des agents de l’Etat, qui n’infligent pratiquement pas de pénalités lorsque des abus sont repérés.

Ainsi, selon une étude de Mapbiomas, un réseau collaboratif de co-créateurs composé d’ONG, d’universités et d’entreprises, seuls 3 % des alertes de déforestation détectées par les satellites du système de surveillance en vigueur actuellement au Brésil ont fait l’objet d’une intervention de la part des organes de protection environnementale du gouvernement.

Mais qu’importe pour Bolsonaro, dont l’horizon à court terme est sa réelection lors des élections présidentielles qui se rapprochent à grands pas et qui entend bien profiter du battage médiatique qui entoure la personnalité d’Elon Musk. Le président brésilien a même qualifié ce premier contact comme « le début d’une relation amoureuse » qui « débouchera bientôt sur un mariage ».

Vendredi dernier, les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés dans un hôtel de luxe près de São Paulo où le patron de SpaceX s’est vu remettre des mains du chef d’État la médaille de l’Ordre du Mérite de la Défense. Une manière – aussi – d’éclipser les attaques des différentes ONG à son encontre.