Après une semaine de recherches, à scruter la surface de l’eau avec attention, un membre du Gecc (Groupe d’études des cétacés du Cotentin) a finalement réussi a observer l’orque qui se déplace dans la Seine.
L’animal avait d’abord été repéré sous le pont de Normandie, puis jusqu’au bac de Yainville. Gérard Mauger, vice-président et fondateur du Gecc, au bout de ses jumelles, grâce aux signalements qu’il a reçus l’a effectivement aperçue.
Plus difficile de survivre seule
Selon lui, il s’agit d’un mâle, puisque sa nageoire dorsale triangulaire, qui devrait être haute, est ici recourbée sur le côté. Peut-être un signe que l’animal a passé beaucoup de temps dans des eaux peu profondes et en surface. Malgré tout, il se dit « inquiet parce que son état de santé se dégrade. Son pronostic vital n’est pas favorable. Hier (lundi), elle faisait des apnées de plus de dix minutes, aujourd’hui (mardi) elle reste beaucoup moins longtemps sous l’eau. Elle est amaigrie et présente des mycoses. » Deux fragilités qui peuvent s’expliquer.
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D’abord, si les orques supportent l’eau douce, elles ne peuvent pas y rester trop longtemps. Ce qui pourrait donc causer ces problèmes de peau. Ensuite, ce cétacé est seul. « Ça présente une réelle difficulté car elle chasse moins bien, donc se nourrit moins bien et maigrit », explique Gérard Mauger. Même s’il est plus facile de chasser dans les eaux peu profondes comme la Seine, le spécialiste n’est pas optimiste.
Quand les orques ne sont plus dans leur groupe, elles sont quasiment condamnées. C'est la sélection naturelle.
« Ce n’est pas normal »
Pour Pelagis, l’observatoire des mammifères et oiseaux marins, « Ce n’est pas normal. Le fait qu’elle soit toute seule questionne beaucoup. Ça arrive rarement chez ces animaux. » D’autant que la région est très peu fréquentée par cette espèce. L’orque pourrait s’être isolée naturellement du reste du groupe si elle était malade.
Ou alors, elle pourrait être exclue. « Les orques vivent en bande, dans des groupes matriarcaux, poursuit Gérard Mauger. L’une d’entre elles peut se retrouver seule quand elle est rejetée par les autres. Par exemple, si la matriarche meurt, ses descendants peuvent être chassés lorsqu’une autre prend sa place. »
« On ne peut pas intervenir »
Alors que faire ? Pour l’instant, aucune opération active n’est envisageable. « On ne peut pas intervenir sur un animal qui est en eau sans risquer de le stresser », assure Pelagis. En effet, les cétacés souffrent d’un fort taux de mortalité dû au stress. Tenter d’approcher l’animal pourrait donc avoir des conséquences sur sa santé.
L'issue semble précaire.
La nourrir paraît aussi trop compliqué puisque les orques ne mangent que du poisson vivant. « Il n’y a pas grand chose à faire, on la surveille, souffle Gérard Mauger. On espère que son instinct de survie la ramène vers la mer. »
En attendant, il est très fortement déconseillé de tenter d’interagir avec cette orque. Le Gecc préfère d’ailleurs ne pas divulguer l’endroit où elle a été aperçue afin d’éviter d’y attirer les curieux. Tous les cétacés sont protégés et une perturbation intentionnelle est punie par la loi.
Si vous disposez d’informations concernant cette orque, contacter le Gecc au 07 66 17 50 48.