En Afghanistan, des parents vendent leurs petites filles pour pouvoir survivre

Publié le Mercredi 25 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Alors que la population afghane s'enfonce dans la misère, certaines familles n'ont d'autres choix pour survivre que d'avoir recours à l'impensable : vendre leurs enfants et surtout les petites filles. Un reportage bouleversant diffusé au JT de France 2 alerte sur ce phénomène.
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Depuis l'arrivée des talibans au pouvoir en août 2021, l'aide humanitaire manque cruellement, le prix des produits de première nécessité s'enflamme, la famine s'installe. C'est justement pour s'alimenter dans un pays où la pauvreté s'empire chaque jour que des parents en viennent à commettre le pire : vendre leurs enfants. Souvent, ce sont les petites filles qui sont envoyées ailleurs contre une somme d'argent. A un homme beaucoup plus âgé qui en fera sa femme, ou à une famille qui ne peut pas en avoir.

Une journaliste de France 2 s'est rendue à Qala-E-Naw, dans un camp "perdu dans la montagne à 4 heures d'Herat", dans l'Ouest de l'Afghanistan. Elle y a rencontré deux femmes qui ont dû avoir recours à cette transaction tragique. Amina, 10 ans, a été vendue à un homme de 20 ans de plus qu'elle, qui viendra la chercher dans quelques semaines. "Il n'y aura pas de mariage, il l'emmènera de force", commente la reporter.

Face caméra, la fillette pleure en pensant au destin qui l'attend. Sa mère est tout aussi bouleversée, mais explique sa décision par un désespoir omniprésent dans le village, et le besoin de nourrir ses autres petit·es. "J'ai vendu ma fille à cause de la famine et de la pauvreté", confie-t-elle en essuyant ses larmes. Elle en tirera 2 300 dollars pour rembourser ses dettes.

"Aucune garantie que le mari attende la puberté de la fillette avant d'avoir des relations sexuelle", conclut avec gravité la journaliste.

"On pense que l'on peut lui offrir un meilleur avenir"

Dire adieu à l'aînée pour sauver les plus jeunes, c'est aussi le choix dévastateur qu'a dû prendre la mère de Sebara, 5 ans. Pour 500 dollars, elle a vendu sa fille à un couple aisé qui n'arrivait pas à concevoir. Assez d'argent pour nourrir sa fille handicapée et son bébé de 5 mois.

Elle raconte avoir emmené l'enfant chez ses acheteurs en lui "disant des mensonges", puis l'avoir laissée pour la nuit. La fillette a tellement pleuré qu'elle s'est enfuie jusqu'à chez elle, et s'est accrochée à la jambe de sa mère pour ne plus la quitter. Le couple reviendra la chercher dans quelques jours, ne voulant pas la brusquer dans cette nouvelle vie, et convaincu de pouvoir "lui offrir un meilleur avenir, avec une meilleure éducation".

Un phénomène dramatique qui aurait doublé en un an, que commentait auprès du Parisien la journaliste de TF1 Liseron Boudoul, en décembre 2021. "Certaines seront vendues et revendues, en Iran puis au Pakistan, pour être prostituées. Un villageois évoque l'existence de trafics d'organes d'enfants avec les pays voisins. Je n'ai pas rencontré de trafiquants, mais c'est, hélas, une possibilité réelle".