Depuis le 1er janvier 2020, la loi a confié à SNCF Réseau la responsabilité de coordonner et d’impulser la politique d’accessibilité de l’ensemble du système ferroviaire. La direction de l’Accessibilité agit avec les associations de personnes handicapées et à mobilité réduite, en lien avec l’ensemble des acteurs du transport ferroviaire. Rencontre avec Lætitia Monrond, directrice de l’Accessibilité à SNCF Réseau.
Qu’entend-on par « accessibilité aux mobilités ferroviaires » ?
Chez SNCF Réseau, nous définissons l’accessibilité au système ferroviaire comme l’accès de tous à l’ensemble de la chaîne de transport, de la préparation du voyage jusqu’à l’arrivée du client à destination.
Cela débute avec les informations données en amont pour que le client puisse préparer son voyage comme par exemple, trouver les horaires, acheter son billet et réserver des prestations d’assistance. C’est ensuite l’accès à la gare et au train, depuis le parvis jusqu’à sa place à bord. Chaque acteur, entreprises de transport et gestionnaire des gares, apporte, sur son périmètre, une réponse adaptée aux besoins du voyageur. Ce à quoi on pense naturellement quand on parle d’accessibilité, ce sont les questions d’accès physique -les ascenseurs, les rampes ou la hauteur des quais par rapport au train-. C’est aussi la signalétique d’orientation ou d’information, visuelle et sonore, qui va permettre de s’orienter dans la gare et de trouver son quai.
Intuitivement, tout le monde pense aux handicaps visibles : la personne en fauteuil roulant ou le client aveugle avec son chien. Il faut savoir que 80% des handicaps sont invisibles. Il nous faut donc gérer d’autres besoins clients, ceux ou celles qui ont des problèmes d’équilibre, une station debout pénible ou des problèmes de compréhension. Nous nous efforçons de prendre en compte chacune de ces situations pour faciliter la vie de tous.
L’accessibilité passe par le numérique ?
Aujourd’hui, la recherche d’un voyage, la réservation d’un billet de train et la sélection des options se font majoritairement en ligne. Au ferroviaire d’intégrer l’ensemble des clients et les 12 millions de personnes en situation de handicap que compte notre pays. L’accessibilité aux mobilités ferroviaires comprend l’ensemble des équipements physiques, comme les bandes de guidage en gare pour les personnes non voyantes, ou encore un système de balises sonores, mais il intègre aussi le contraste des couleurs pour faciliter l’orientation des personnes malvoyantes, les poignées de préhension en haut des sièges dans les trains, les systèmes d’information voyageur sonores ou visuels, sur écrans ou sur smartphone ainsi que les services d’assistance pour aider les clients à monter ou descendre du train. Technologie et humain sont indissociables.
Vous partez d’une situation liée à un handicap pour trouver des solutions plus globales ?
Nous pouvons tous nous retrouver en situation de handicap à un moment ou un autre de notre vie. Cela peut être aussi un souci ponctuel de mobilité, une non-maîtrise de la langue ou encore un déplacement avec des jeunes enfants ou de grosses valises… En réalité, un service de transport de bagages pensé pour les personnes handicapées sera tout aussi utile à une grand-mère qui se déplace avec ses petits-enfants ! Une fonctionnalité pensée pour les personnes sourdes, la retranscription texte sur téléphone mobile des annonces sonores à bord, servira à tous les voyageurs qui écoutent de la musique ou regardent un film, écouteurs dans les oreilles. En développant une mobilité ferroviaire inclusive, nous travaillons pour l’ensemble des voyageurs.
Quels sont les leviers pour développer l’accessibilité aux transports ferroviaires ?
La concertation joue un rôle fondamental : la direction de l’Accessibilité, au sein de la direction générale Clients et Services, a signé un nouveau protocole d’échanges avec les associations nationales représentatives des personnes handicapées ou à mobilité réduite en octobre 2020, lors de son arrivée chez SNCF Réseau. C’est un levier important, car ce travail de concertation, qui a débuté il y a 15 ans, nous permet d’acquérir une grande expérience en termes d’usages et de nouveaux réflexes. Cette expérience, cette culture de l’accessibilité, nous pouvons la partager aussi avec les nouvelles entreprises de transport dans le cadre de l’ouverture du marché ferroviaire de Voyageurs. Le droit européen du voyageur est aussi un levier. Il apporte des nouveautés pour 2023 : l’extension de la possibilité de réserver de l’assistance pour une personne à mobilité réduite, y compris dans les transports régionaux ; la réservation des prestations d’assistance jusqu’à 24h avant le départ du train au lieu de 48h aujourd’hui et l’assistance par le personnel à bord dans certains cas lorsqu’il n’y a pas de personnel en gare. Enfin, la loi d’orientation des mobilités en France prévoit la mise en place d’une plateforme unique pour la réservation des prestations d’assistance en gare dès 2024.
Quelles sont les prochaines étapes qui vont intéresser nos lecteurs ?
Nous avons des grands rendez-vous populaires, avec la coupe du monde de rugby en 2023, qui sera un ballon d’essai en quelque sorte, avant la transformation à réaliser pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024. Ces événements vont permettre de conjuguer les efforts de tous les acteurs concernés, de mettre sur le devant de la scène l’accessibilité et de dynamiser encore plus tous les projets déjà engagés. Et, pour vos lecteurs qui veulent rencontrer la direction de l’accessibilité SNCF Réseau avec ses partenaires associatifs ou les start-up qui proposent de nouvelles innovations pour les mobilités, nous serons présents au prochain salon HANDICA de Lyon du 1er au 2 juin à Eurexpo.
