Interview. L’habitat coopératif pour séniors est une alternative aux Ehpad. Comment ça marche ?

Vous êtes à la recherche de solutions concrètes de logement pour séniors ? Voici ce qu’il faut savoir sur l’habitat participatif.

Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 2 ans.

Scandale Orpéa, vieillissement de la population française… Le contexte actuel nous invite à réfléchir aux solutions d’hébergement destinées aux personnes âgées. Tandis que les Ehpad sont sous le feu des critiques, des initiatives voient le jour partout en France pour se poser en alternatives. C’est le cas de l’habitat coopératif, une option adoptée par les membres de l’association Boboyaka (Bègles, 33). Quelle est la spécificité de ce type de logement ? Comment créer une société coopérative d’habitants ? Nous avons interrogé Sylvie Dumard, membre du groupe Boboyaka.

Photo : facebook. Quelques membres de la coopérative Boboyaka.

L’objet du projet Boboyaka est de « créer et faire vivre un espace de vie collectif et privé pour ses membres. » Les initiateurs du collectif ont fait le choix se constituer en coopérative : pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’habitat coopératif ?

« Dans une société coopérative d’habitants, personne n’est propriétaire : chacun des membres achète une part sociale de la coopérative. Si on décide de la quitter, on récupère sa part. Aujourd’hui, il existe déjà un habitat de ce type destiné aux séniors, c’est la coopérative Chamarel à Lyon. L’habitat Boboyaka est encore à l’état de projet, mais nous avons déposé le permis de construire. »

Quelles ont été les démarches nécessaires à la concrétisation de ce projet ?

« Le projet Boboyaka est né en 2007. À l’origine, il s’agissait d’un groupe d’amis qui, voyant l’âge avancer, ont décidé de réfléchir ensemble à leur vieillissement. Ils ne savaient pas encore précisément ce qu’ils voulaient pour leur fin de vie, mais ils savaient ce qu’ils ne voulaient pas : être seul, à la charge de ses enfants. Ils ont commencé à se retrouver pour des apéros, à formuler un projet commun. Ils ont alors créé une association loi 1901.

En ce qui me concerne, je suis arrivée un peu plus tard dans le projet. Nous ne connaissions rien aux différents statuts d’habitats, mais nous nous sommes formés : nous avons alors monté un dossier juridique. Dans un habitat coopératif, la coopérative est maître d’ouvrage, nous avons donc fait appel à un cabinet d’architecte afin de concrétiser notre projet. Il a enfin fallu faire connaître notre projet auprès des élus : une étape difficile, car l’habitat coopératif est encore peu connu. »

Photo : facebook. La maquette du projet Boboyaka.

Imaginons que je souhaite monter un projet d’habitat coopératif à mon tour. Y a-t-il des personnes ou des ressources vers qui se tourner pour accompagner le montage du dossier ?

« Oui, il y a la fédération Habicoop qui représente les coopératives d’habitants auprès des pouvoirs publics. Nous nous sommes beaucoup formés auprès d’eux. Nous avons également échangé avec les habitants de la coopérative Chamarel à Lyon, qui sont passés par les mêmes étapes que nous. Nous nous sommes enfin formés sur le tas, en faisant un travail de recherche : il y a un article dans la loi ALUR au sujet de l’habitat participatif. »

À Boboyaka, comment se passera la vie quotidienne ? Un accompagnement médicalisé est-il prévu pour ceux qui en auraient besoin ?

« Lors de nos réunions mensuelles, nous parlons beaucoup de la philosophie de ce projet. Nous souhaitons que Boboyaka soit un lieu ouvert, intergénérationnel : le projet final devrait voir l’ouverture d’une micro-crèche, il y aura des studios pour les étudiants, des jardins partagés, un espace de conférence… Il faut que ce lieu vive ! À ce jour, nous sommes 12 coopérants, et plusieurs autres personnes ont postulé. En tout, 18 logements sont prévus avec des espaces communs (cuisine, salle commune, bureau, salon…). Nous comptons sur l’entraide collective pour les courses et les petites choses du quotidien. Nous ne souhaitons pas médicaliser le lieu : le service d’aide à domicile reste une option en cas de besoin. »

Quel est le prix à payer pour habiter au sein d’un logement de la coopérative Boboyaka ?

« Nous avons tous acheté notre part sociale 20 000 €. Cela permet à la Coopérative de réaliser un emprunt auprès de la banque. Chaque mois, nous rembourserons cet emprunt : c’est un peu comme un loyer. Pour 50 m2 de logement, cette contribution mensuelle devrait être de l’ordre de 600-700 €. L’avantage, c’est que ce prix n’est pas lié à la spéculation foncière, il restera inchangé : dans un contexte d’augmentation des loyers, on peut penser qu’il sera dégressif au fil du temps.

Photo : Coopérative Boboyaka. Sylvie Dumard, membre de la coopérative.

Les habitants de Boboyaka devraient pouvoir emménager d’ici deux ans. En attendant, les idées fusent : création d’un centre de recherche sur le vieillissement, développement d’activités de quartier… »

Veillir ensemble, dans la liberté et la solidarité ? Une solution inspirante qui semble promise à un bel avenir.

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