Grippe aviaire : l’Europe s’engage dans la vaccination animale

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avec le ministre espagnol Luis Planas [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET]

Les ministres de l’Agriculture de l’UE se sont entendus mardi (24 mai), à Bruxelles, sur la mise en œuvre d’une stratégie de vaccination contre l’influenza aviaire, alors que le continent est en proie à l’épidémie la plus violente de son histoire.

Les méthodes employées jusqu’à présent pour faire face à la maladie qui touche essentiellement les volailles et les oiseaux sauvages consistent à confiner les animaux dans les élevages ou à les abattre afin d’éviter la circulation du virus.

Trente-six pays sont aujourd’hui touchés par l’épizootie en Europe. En France, 16 millions de volailles ont déjà été abattues depuis décembre dernier. En janvier, l’Italie en comptait déjà 18 millions.

Ces méthodes radicales visent aussi bien des élevages contaminés que, par prévention, des élevages se situant autour des foyers de contamination.

Des méthodes insuffisantes

Si ces mesures de biosécurité sont indispensables, les ministres s’accordent sur le fait qu’elles sont extrêmement coûteuses pour les filières et les pouvoirs publics. De plus, ces « abattages massifs [sont] de moins en moins acceptés par le grand public » reconnaît le ministre espagnol Luis Planas.

En raison de sa progression fulgurante, l’influenza aviaire représente maintenant « un risque pour la santé publique », précise la conclusion des travaux du Conseil, « dans la mesure où tous les virus de l’influenza aviaire sont potentiellement zoonotiques pour l’homme ». Quelques rares cas sur l’homme ont, en effet, été détectés.

Pour ces raisons, et du fait du caractère transfrontalier de ce virus extrêmement contagieux, la Présidence française, avec l’ensemble des ministres, se sont entendus sur le développement de la vaccination en tant qu’outil complémentaire de prévention.

« Je me réjouis de l’unanimité trouvée sur l’idée de compléter notre arsenal de lutte contre cette épizootie, en envisageant le recours à la vaccination en plus des nécessaires mesures de biosécurité que nous connaissons déjà », explique le nouveau ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire Marc Fesneau à l’issue du Conseil.

Assurer les exportations

Durant le tour de table, les ministres ont également appelé à la prudence concernant le potentiel blocage des exportations de volaille. En effet, certains pays comme la Grande-Bretagne, les États-Unis ou l’Arabie Saoudite, refusent pour l’instant de se fournir dans les pays pratiquant la vaccination, de peur d’importer le virus sur leur territoire.

« Les mesures doivent être compatibles avec le commerce international » insiste le ministre espagnol, pour qui la séparation des animaux vaccinés et les animaux touchés par la maladie améliorerait l’acceptabilité des pays tiers. 

« Dans ce contexte, une action collective de l’Union européenne au niveau international est indispensable, tant au niveau bilatéral avec les principaux partenaires commerciaux qu’au niveau multilatéral », est-il précisé dans la copie du Conseil.

Pour le ministre allemand Cem Özdemir, cette approche collective doit également être mise au service d’une prise en compte « des dispositions techniques » pour « une véritable efficacité de cette vaccination. »

Outre les difficultés techniques d’un tel vaccin (nombreux variants, différentes espèces de volailles), le Conseil axe sa stratégie vers un traitement « efficace et sûr, facile à administrer et compatible avec les pratiques agricoles dans l’UE ».

« Le tour de table a montré l’appétence des délégations à continuer de travailler sur ce sujet et le fait qu’il faille en parallèle échanger rapidement avec nos partenaires commerciaux pour s’assurer de l’acceptabilité de cette approche dans les échanges commerciaux », conclue Marc Fesneau lors de la conférence de presse qui clôture le Conseil. 

Reste maintenant à concrétiser cette stratégie vaccinale. Aujourd’hui, plusieurs expérimentations ont commencé. En France, deux vaccins sont testés sur des canards, alors que la Hollande ou encore l’Italie se lancent dans des essais sur des poules pondeuses et des dindes. 

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