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Guerre en Ukraine: «la vie continue», ces couples qui se marient malgré le conflit

A Irpin, les mariages ont repris après des semaines de combats dans la ville, dévastée par les combats et occupée par les Russes au mois de mars.

Temps de lecture: 3 min

Laisser éclater sa joie pour mettre un peu de baume sur les maux de l’Ukraine ou rester discret pour ne heurter personne? A l’heure des noces, la guerre place les amoureux face à un choix cornélien.

Irpin, ville dévastée par la guerre

Au bureau des mariages d’Irpin, une ville de la banlieue de Kiev lourdement marquée par le conflit, Ivan Khvatov, 39 ans, et Olessya Khvatova, 41 ans, ont convolé mercredi en catimini. Sans invité ni témoin, ils se sont présentés en jeans-baskets devant l’officier d’état civil qui les a unis rapidement. Tout juste ont-ils échangé un baiser après avoir signé le registre.

« Nous n’avons rien dit à personne », explique le nouveau marié: « d’abord parce que beaucoup de gens, évacués au début de la guerre, ne sont pas rentrés », « ensuite parce qu’ils pourraient dire que ce n’est pas le moment. »

Irpin, aux portes de la capitale, s’était retrouvée sur la ligne de front après l’entrée des troupes de Moscou en Ukraine, le 24 février. Dévastée par les combats, elle a ensuite été occupée pendant tout le mois de mars par les soldats russes.

« De la joie, mais on la cache »

« Beaucoup de gens, notamment parmi nos amis, ont perdu leur maison, ils pourraient ne pas comprendre » qu’on se marie aujourd’hui, ajoute Ivan Khvatov, qui a rencontré Olessya au travail, dans une verrerie. Le couple devait initialement se marier le 17 mars, mais l’’invasion russe a chamboulé leurs plans.

Contrairement à Kiev, où plus de 3 800 unions ont été officialisées depuis le début de la guerre, les bureaux des mariages des alentours ont fermé à l’approche des chars russes, qui ont éparpillé les amoureux dans tout l’Europe. Olessya s’était ainsi mise à l’abri loin de la capitale. Elle est rentrée récemment à la faveur du repli russe sur le sud et l’est de l’Ukraine, et le couple a relancé ses projets matrimoniaux.

« La vie continue. Malgré la guerre, on veut tous continuer à vivre », assure le jeune marié. « On ressent de la joie, mais on la cache! »

A l’inverse, Mykhaïlo Dewberry, 26 ans, et sa nouvelle épouse Anastasia, 20 ans, ont décidé d’étaler leur bonheur au grand jour.

« La vie ne s’est pas arrêtée »

Habillée d’une longue robe blanche, sa traîne battue par le vent, la jeune femme a posé samedi dernier aux côtés de son nouvel époux, en élégant costume bleu, devant les ruines d’un bâtiment calciné de Boutcha, la ville voisine d’Irpin.

Dans cette banlieue, devenue le symbole des crimes de guerre imputés aux soldats russes après la découverte de centaines de cadavres de civils, quelques automobilistes ont klaxonné pour saluer cette séance photo déroutante.

« Il y a eu beaucoup de tragédies à cet endroit et nous voulons montrer qu’il peut aussi y avoir du nouveau », « que la vie ne s’est pas arrêtée », explique le jeune homme.

Adopté par une famille évangélique américaine, Mykhaïlo Dewberry est animé d’une foi profonde. Il a d’ailleurs rencontré Anastasia il y a deux ans à un camp chrétien et l’a demandée en mariage il y a un an. Les préparatifs avaient commencé avant la guerre qui, pour eux aussi, a tout bouleversé.

Les tourtereaux ont fui la région de Kiev pendant l’occupation russe. « Quand je suis rentré, j’ai pleuré, tellement de gens avaient perdu la vie », confie le jeune marié. « Mais Dieu a dit qu’après les ténèbres, la lumière jaillit », poursuit-il.

Pour lui, la lumière s’appelle Anastasia et, devant une quarantaine de proches, elle lui a dit oui dans leur église pentecôtiste. « Aujourd’hui, dit-il dans un large sourire, Dieu a créé une nouvelle famille! »

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