En Californie, un projet de loi pourrait permettre aux parents des enfants devenus addicts aux réseaux sociaux d’attaquer les plateformes en question devant la justice. Si ce projet de loi aboutit les réseaux sociaux concernés devront alors désactiver les comptes des enfants californiens.

La dépendance aux réseaux sociaux dans le viseur de la justice

Le projet de loi a été adopté lundi 23 mai 2022 par l’assemblée de l’État. Il va maintenant être soumis au sénat de l’État. Ce texte s’appuie sur le cadre de la loi californienne sur la protection de la vie privée des consommateurs, qui interdit aux entreprises de vendre les informations personnelles des jeunes de moins de 16 ans. Cette fois-ci, l’objectif est d’imposer une « obligation de ne pas rendre les utilisateurs de moins de 18 ans dépendants ». Si la loi est adoptée, les parents pourront réclamer des dommages et intérêts allant jusqu’à 25 000 dollars auprès des réseaux sociaux.

La loi ne s’appliquera qu’aux entreprises ayant réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions de dollars au cours de l’année écoulée. Les services de diffusion en continu ainsi que les applications qui ne permettent que l’envoi de messages texte ne sont pas concernés. Le texte s’appuie sur les révélations faites dans le cadre des « Facebook files ». Il y a quelques mois, des documents internes ont fuité, l’occasion de découvrir que l’entreprise de Mark Zuckerberg avait mené des études pour comprendre l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes.

La Californie veut préserver la santé mentale des enfants

Ces documents montrent que les employés de Meta s’inquiètent de l’impact que les réseaux sociaux ont sur les jeunes et qu’ils peuvent nuire à leur santé mentale. Frances Haugen, spécialiste des données chez Facebook, est à l’origine de ces révélations. Elle a déclaré que le taux de dépendance le plus élevé sur les plateformes de Meta concernait les jeunes de 14 ans. Les défenseurs du projet de loi, comme le Children’s Advocacy Institute de l’université de San Diego, affirment que le contrôle parental ne peut pas être la réponse à la dépendance.

En effet, une étude récente de Common Sense, un groupe de recherche à but non lucratif, a montré que le temps passé devant un écran par les adolescents et les pré-adolescents avait augmenté de 17% au cours des deux dernières années. L’étude indique également que l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants âgés de 8 à 12 ans est passée de 31% en 2019 à 38% en 2021. Ils précisent que la majorité des adolescents utilisent les réseaux sociaux. Le projet de loi définit la dépendance comme « le fait pour une personne de subir un préjudice physique, mental ou émotionnel, de vouloir arrêter mais de ne pas pouvoir le faire en raison de la nature de la plateforme ».