Affaire Mila : six personnes condamnées pour harcèlement et menaces de mort sur Twitter

Ces six hommes et femmes âgés de 19 à 39 ans, dont trois mères de famille, étaient jugés à Paris pour avoir posté sur le réseau social des messages de haine à l’encontre de Mila, jeune femme cible de harceleurs depuis qu’elle a publié une vidéo polémique sur l’islam en 2020. Ils ont écopé de 3 mois avec sursis à 4 mois de prison ferme.

L’affaire Mila, qui avait tenu des propos hostiles à l’islam, avait relancé en France le débat sur le blasphème (illustration). Bertrand GUAY / AFP.
L’affaire Mila, qui avait tenu des propos hostiles à l’islam, avait relancé en France le débat sur le blasphème (illustration). Bertrand GUAY / AFP.

    Ils étaient six, hommes et femmes, âgés de 19 à 39 ans, à être jugés en avril dernier pour avoir diffusé sur Twitter des messages de haine et des appels au meurtre à l’encontre de Mila, jeune femme aujourd’hui majeure, harcelée en ligne depuis qu’elle a publié en 2020 une vidéo polémique sur l’islam, massivement relayée sur les réseaux sociaux. Parmi eux, quatre femmes, dont trois mères de famille, identifiés en septembre 2021 par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH).

    Le tribunal correctionnel de Paris a rendu ce mardi après-midi sa décision, et condamné ces six personnes à des peines allant de 3 mois avec sursis à 4 mois de prison ferme, sous bracelet électronique. Dans son délibéré, le tribunal n’a retenu le chef de menace de mort qu’à l’encontre d’une seule prévenue, Melinda D., mère de deux enfants, déjà condamnée à plusieurs reprises pour vol, escroquerie ou conduite sans permis. Les cinq autres prévenus ont été condamnés sur le seul chef de harcèlement aggravé.

    Outre les peines de trois mois avec sursis pour une prévenue et de quatre mois ferme pour une autre, deux prévenus ont écopé d’une peine de quatre mois de prison avec sursis et deux autres de six mois avec sursis. Ils encourraient 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende pour les faits de harcèlement en ligne, 3 ans et 45 000 euros d’amende pour les menaces de mort. Tous les prévenus devront en outre verser une somme de 3 000 euros à Mila, en réparation du préjudice moral. Ils sont également privés du droit d’éligibilité pour un an.

    « Que Mila puisse retrouver une vie normale… »

    « La condamnation des six personnes poursuivies était nécessaire », a estimé l’avocat de Mila, Me Richard Malka, en soulignant que « seulement quelques mots sur un réseau social peuvent avoir de graves conséquences pour les auteurs de ces mots de haine et de violence ».

    « Je n’ai aucune satisfaction à voir condamner ces jeunes gens. Ma seule satisfaction dans ce dossier ce serait que Mila puisse retrouver une vie normale… et ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté, à propos de sa cliente qui vit toujours sous protection policière.

    Ce n’est pas la première fois que le harcèlement dont est victime la jeune femme est puni par la justice. En juillet dernier, le tribunal de Paris avait condamné onze personnes à des peines allant de 4 à 6 mois de prison avec sursis. « On a gagné, et on gagnera encore, s’était réjoui Mila à la sortie du tribunal. Ce que je veux, c’est que les personnes qui sont considérées comme pestiférées, à qui on interdirait les réseaux sociaux, soient (celles) qui harcèlent, qui menacent de mort, qui incitent au suicide. Je ne veux plus jamais qu’on fasse culpabiliser les victimes. »

    L’affaire Mila, qui avait tenu des propos hostiles à l’islam, avait relancé en France le débat sur le blasphème. Selon Me Richard Malka, la jeune femme « a reçu plus de 100 000 messages haineux et menaces de mort lui promettant de se faire ligoter, découper, écarteler, lapider, décapiter, avec des images de cercueil, des photomontages de décapitation, de sa tête sanguinolente » depuis la publication de sa vidéo en janvier 2020.