Selon un rapport de l’association égyptienne Forum pour le dialogue sur le développement et les droits de l’homme (FDHRD), publié en 2021, “jusqu’à 86 % des Égyptiennes mariées sont victimes de violences conjugales”, peut-on lire sur la version anglophone du site du média panarabe Al-Jazeera.

Cependant, “beaucoup d’entre elles décident de ne pas demander le divorce en raison des risques juridiques, sociétaux, financiers et émotionnels auxquels sont confrontées de nombreuses femmes divorcées”, étant donné le caractère “discriminatoire” de la société et du système judiciaire du pays conservateur, poursuit l’article.

Stigmatisation

Les mauvais traitements infligés aux femmes, et plus particulièrement aux épouses, “sont encore plus tolérés” dans la Haute-Égypte, la partie sud du pays, dont la moitié de la population est considérée comme pauvre.

C’est ce qu’explique Noura Mohamed, responsable d’une unité luttant contre les violences faites aux femmes au sein du Centre pour l’assistance légale pour les femmes égyptiennes (Cewla) :

“Là-bas, battre sa femme est considéré comme un droit du mari, souvent avec pour conséquences des blessures permanentes.”

Dans cette région, explique Al-Jazeera, les femmes divorcées, et surtout les mères, doivent se débrouiller toutes seules, car leurs familles les rejettent en raison de leur “statut stigmatisant de divorcées”.

Une plateforme d’aide

Face à cette situation, une femme a décidé d’agir. En 2016, Engy Rafaat, une mère de trois enfants issue de la communauté chrétienne copte d’Assiout, dans la Haute-Égypte, qui elle-même a divorcé après avoir subi des violences conjugales, crée l’association You Can, pour aider psychologiquement, judiciairement et financièrement les femmes victimes de ce type de violences.

Parmi le millier de femmes que l’association a aidées, il y a Mariam, maltraitée par son époux, qui a tenté de mettre fin à ses jours “pour échapper à ses souffrances”.

“You Can a transformé ma vie. Grâce à un soutien financier et psychologique, je n’ai plus d’idées suicidaires, j’ai développé mes compétences professionnelles et j’ai trouvé un emploi.”