Une crise plus tard, les cartes sont à peine rebattues. Après le décrochage dû à la pandémie de Covid-19, qui n’est pas encore totalement rattrapé, les investisseurs étrangers sont revenus en 2021 en Europe, avec 5 877 projets d’implantation ou d’extension sous le bras, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année 2020.
Sur ce total, 1 222 projets ont atterri en France, qui, non seulement conforte sa première place sur le Vieux Continent pour la troisième année de suite, mais bénéficie en outre d’un rebond plus fort que ses voisins (24 %), selon le baromètre du cabinet EY et publié mardi 31 mai. La France creuse l’écart avec le Royaume-Uni, qui demeure en deuxième position, et avec l’Allemagne, au troisième rang, malgré une baisse de 10 % du nombre de projets accueillis.
L’Hexagone profite en effet des faiblesses de ses deux rivaux : le Brexit affecte l’attractivité britannique en matière de projets industriels, « et le report de ces projets se fait d’abord au bénéfice de la France », précise Marc Lhermitte, associé chez EY. Quant à l’Allemagne, elle pâtit paradoxalement de son faible taux de chômage, qui incite les investisseurs à se tourner vers le marché de l’emploi hexagonal, et notamment vers les territoires de moins de 50 000 habitants, souvent désindustrialisés et où il existe une main-d’œuvre disponible.
« Contribution significative à la réindustrialisation »
Toutefois, ce bon résultat mérite d’être nuancé. « La France a fait du chemin sur le plan de l’attractivité depuis cinq à sept ans, mais il y a encore des trous dans la raquette », tempère M. Lhermitte. Comme les années précédentes, le pays attire des projets d’investissement plus petits que ses voisins et moins générateurs d’emploi. Ainsi, en moyenne, chaque projet entraîne la création de 38 emplois en France, contre 45 en Allemagne ou 68 au Royaume-Uni.
La reconfiguration des chaînes de valeur liées à la crise sanitaire a conduit à une forte augmentation des projets industriels et logistiques
De même, il y a moins de projets nouveaux, mais davantage d’extensions de sites existants, qui représentent environ les deux tiers des investissements. Enfin, pour des raisons fiscales notamment, la France peine à attirer les sièges sociaux, qui élisent plutôt domicile à Londres qu’à Paris.
Nonobstant ces réserves, les investissements étrangers apportent « une contribution significative à la réindustrialisation de la France », se félicite Christophe Lecourtier, directeur général de Business France. La reconfiguration des chaînes de valeur liées à la crise sanitaire a conduit à une forte augmentation des projets industriels et logistiques, respectivement en hausse de 18 % et 37 % par rapport à leur niveau de 2019. Dans le même temps, le secteur des logiciels et de la technologie, qui reste premier en termes de nombre de projets, accuse une perte de vitesse.
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