Un petit soldat ukrainien en peine de coeur et épuisé par la boue des tranchées a renoncé à vivre, le Figaro.

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Boris Pahor a repoussé la mort jusqu'à l'âge de 108 ans, il était slovène antifasciste résistant déporté comparé à Imre Kertesz et Primo Lévi, le Monde, la Voix du Nord, les DNA, Ouest-France. Mediapart nous explique la mémoire endeuillée de Liverpool, l'Obs dissèque le parcours de Marcel Gauchet.

On parle d'un soldat...

Un petit soldat de 26 ans, qui était un amoureux en peine, et que sa peine rongeait dans la boue d'une tranchée où depuis trois mois il retenait l'ennemi et qui a fini par se donner la mort dans une forêt de son Ukraine, et c'est avec ce soldat que s'achève le reportage du Figaro auprès de la 128e brigade d'assaut de Transcarpatie, qui dans la région d'Orikhiv protège la ville industrielle de Zaporija…

Il est notre soldat l'autre mort venu d'Ukraine dans nos journaux, quand notre confrère de BFM TV Frédéric Leclerc-Imhoff, que vous racontiez Léa tout à l’heure, fait la Une de Sud-Ouest,  il avait fait ses études à l’école de journalisme de Bordeaux, il avait planché à l'oral d’entrée sur "la Françafrique économique en Afrique de l'Ouest" -c'était en 2012, qui pensait alors mourir au Don Bass ou qu'un jour on raconterait des tranchées boueuses, devant Zaporija...

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Dans ces tranchées ukrainiennes, la journaliste du Figaro Margaux Benn rencontre des volontaires encore imprégnés de leur vie d'avant, civils de nos villes modernes, voilà le lieutenant Yarislav autrefois journaliste qui s'émerveille d'entendre un rossignol et croque une fleur blanche qu’il sait comestible, voilà le lieutenant Youra certain de sa civilisation, qui moque l'ennemi, des tchétchènes dit-il ou d'un autre coin de perdu de Russie, dont il entend les bagarres alcoolisées... Les ukrainiens ont installé un routeur wifi au-dessus de la tranchée, ils boivent des smoothie pomme banane fument des cigarettes électroniques... Mais il faut aussi se protéger; il faut bêcher autant que tu t’aimes toi-même dit un vétéran, mais est-ce sa propre tombe que l’on creuse. Les soldats ukrainiens sont rongés par l'obusite, ce syndrome qui touchait nos poilus dans la grande guerre, à force de subir le bruit et les chocs des bombardements, et les sourires des guerriers masquent la peur la fatigue l’ennui la folie qui affleure ; une psychologue va rejoindre la brigade, mais le petit soldat à la peine de cœur ne l'a pas attendue...

Dans le Monde, les DNA, la Voix du Nord et Ouest-France nous vient un homme qui si longtemps a repoussé la mort, il était écrivain, Boris Pahor décédé hier à 108 ans dans sa ville natale de Trieste, au bout de l’Italie aux portes des Balkans, il était Slovène, il avait connu sous Mussolini la haine contre son peuple, comparé aux punaises et dont on effaçait la langue jusque sur les pierres tombales, il fut antifasciste résistant soldat prisonnier, déporté, passa par le camp alsacien du Struthof, et à sa libération, retrouva le gout de la vie en arrivant à Lille où on l’avait évacué, une ombre en pyjama rayé se sentant séparé des piétons ordinaires et innocents, et puis il y eut la magie d’un magasin de lingerie, la gentillesse d’un coiffeur qui l’avait rasé gratuitement, et Lille fut pour lui le ba ba de l’alphabet humain… Ses mémoires des camps, Pèlerin parmi les morts, le rendirent célèbre déjà octogénaire, comparé à Imre Kertesz et Primo Levi, il il écrivait ceci : « L’humanité est seule et seule elle forge son existence, supportable ou monstrueuse, sur sa planète ».

On parle d'une autre mémoire...

Que vous lirez sur le site de Libération et les réseaux sociaux, la mémoire de Ian Byrne, député de Liverpool à la chambre des communes et qui était présent samedi soir au Stade de France, mais qui est surtout un survivant du drame de Hillsborough, ce stade où en 1989 l'incompétence de la police provoqué la mort de 97 supporters de Liverpool écrasés dans un mouvement de foule... A cette époque, les supporters étaient vécus comme une menace en Angleterre, où il s'agissait de déprolétariser le football, on supprimait les standing terraces, ces tribunes debout où se forgeait une culture ouvrière, les morts de Hillsborough qui imprègnent désormais Liverpool portaient aussi cette symbolique... Tout ceci est très bien expliqué sur Mediapart par le journaliste Mickael Correia, et lisant on comprend mieux ce qui se joue -à vif- entre Liverpool et la France, quand notre ministre de l'Intérieur est épinglé par Libération en Une et par le Figaro -plus doucement- et qualifié d'auteur d'une "fake news d'Etat" par le chercheur en  sécurité Sebastian Roché dans l'Est républicain.

Dans l'Obs encore en kiosque et sur le site, on dissèque le parcours d'un grand intellectuel, Marcel Gauchet, qui pour avoir affirmé que Marine Le Pen relevait plus du gaullisme de la Ve république que de l'extrême droite, s'est fait reprendre sévèrement dans ce studio l'autre semaine par l'historien Patrick Boucheron... Mais à partir de l'incident, on nous raconte- et c'est prenant, l'évolution d'un homme qui se réclame de la gauche mais considère depuis longtemps -entre autres- que l'immigration est un sujet majeur, que la politique ne puyt se fonder sur les droits de l'homme, et que le lepénisme, du père ou de la fille, doit être crédité de son adhésion à la démocratie électorale... On trouve sa rupture initiale -elle est ancienne, il était jeune encore Gauchet, avec les phares de la pensée de gauche qu'étaient Michel Foucault et Pierre Bourdieu, qui radicalisaient les lectures du réel... Les idées sont brulantes quand on sait les incarner.

Dans la Provence qui consacre deux pages à partir d'un rapport du Sénat, à je cite, l'inefficacité, la folie, la loterie de la politique française en matière d'immigration, je lis que des militants de la vérité cherchent encore à établir en dépit de la justice qui s'y refuse, si la nuit du 7 mai 2018, la jeune nigérianne Blessing Matthew, immigré clandestine qui venait de passert la frontière italienne avait ou non été poursuivie par des gendarmes avant de se noyer dans la Durance en crue... Est-ce une question que nous voulons résoudre, en avons-nous le gout?

Je lis dans le Progrès que le Crif, conseil représentatif des institutions juives de France demande que la justice prenne au sérieux la mort de René Hadjadj, octogénaire poussé du 17e étage d'un appartement dans le quartier de la Duchère, par un homme qui dans ses vaticinations sur les réseaux sociaux, faisait preuve à ses heures d'obsessions antisémites.

Et on parle enfin d'un sandwich...

Qui mérite bien une colère ou alors un sourire, puisque dans le Progrès encore je lis que les chefs cuisiniers de l'Ain se mobilisent contre un sujet d'examen donné aux élèves en CAP de cuisine, leur demandant de préparer un burger avec du pain industriel et de la mayonnaise toute prête, NON disent les chefs, les gamins doivent savoir cuire le pain et préparer la mayo, sinon à quoi bon se dire cuisinier? Dans la Provence encore, je lis que l'application Waze, qui nous évite les bouchons peut se programmer désormais avec l'accent marseillais, "Hé bé voilà on y est bonne mère," elle existe aussi en version toulousaine et chti... Le sociolinguiste Médéric Gasquet-Cyrus trouve ça rigolo mais surjoué, et à la longue ça pourrait le gonfler!

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