Le glyphosate n’est pas cancérogène, selon un comité d’experts de l’UE

La question de savoir si le glyphosate peut être classé comme cancérogène, c’est-à-dire s’il favorise l’apparition de cancers chez l’homme, est l’une des questions liées à l’herbicide qui est contestée non seulement entre les parties prenantes, mais aussi au sein de la communauté scientifique et entre différentes agences publiques. [SHUTTERSTOCK]

Il n’est « pas justifié » de conclure que l’herbicide glyphosate provoque le cancer, a déclaré un comité d’experts de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), suscitant de nombreuses critiques de la part des défenseurs de la santé et de l’environnement.

« Sur la base d’un large examen des preuves scientifiques, le comité conclut à nouveau que la classification du glyphosate comme substance cancérogène n’est pas justifiée », a écrit l’ECHA dans un avis du comité d’évaluation des risques (CER) de l’agence lundi (30 mai).

Cette déclaration s’inscrit dans le cadre du processus actuel d’évaluation des risques de l’UE sur le glyphosate, qui fait partie des herbicides les plus utilisés dans l’UE mais qui est également très controversé.

Ce processus d’évaluation doit éclairer la décision de l’Union européenne quant au renouvellement de l’autorisation de cet herbicide controversé après son expiration à la fin de 2022.

La question de savoir si le glyphosate peut être classé comme cancérogène, c’est-à-dire s’il favorise l’apparition de cancers chez l’homme, est l’une des questions liées à l’herbicide qui est contestée non seulement entre les parties prenantes, mais aussi au sein de la communauté scientifique et entre différentes agences publiques.

Pour sa part, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà évalué la substance comme « probablement cancérogène », tandis que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a conclu qu’il était « peu probable qu’elle présente un risque cancérogène » pour l’homme lorsqu’elle est consommée dans le cadre de son alimentation.

Dans son évaluation la plus récente, le comité d’évaluation des risques de l’ECHA confirme son verdict antérieur classant le glyphosate comme non cancérogène. Toutefois, il a réaffirmé que le glyphosate peut provoquer des « lésions oculaires graves » et qu’il est également « toxique pour la vie aquatique avec des effets de longue durée ».

Approbation du glyphosate : les parties concernées se disputent la vérité scientifique

Alors que l’UE envisage de renouveler l’autorisation du glyphosate, un herbicide controversé, l’industrie défend la procédure d’évaluation, tandis que les défenseurs de l’environnement la dénoncent car elle ne repose pas sur des « données scientifiques solides ».

Dans une déclaration, le Glyphosate Renewal Group, le groupe de sociétés agrochimiques qui demandent ensemble le renouvellement de l’autorisation de la substance, a salué l’avis du CCR et a déclaré qu’il « reste engagé à se conformer à tous les aspects du processus réglementaire de l’UE actuellement en cours ».

Cependant, les défenseurs de la santé et de l’environnement se sont montrés moins enthousiastes à l’égard de cette évaluation, estimant que l’agence n’avait pas pris en compte toutes les preuves pertinentes.

Angeliki Lyssimachou, responsable de la politique scientifique chez HEAL, l’organisation qui regroupe les associations européennes de l’environnement et de la santé, a déclaré que l’ECHA avait rejeté les arguments scientifiques sur le lien entre le glyphosate et le cancer avancés « par des experts indépendants ».

« Le fait de ne pas reconnaître le potentiel cancérogène du glyphosate est une erreur, et doit être considéré comme un grand pas en arrière dans la lutte contre le cancer », a-t-elle ajouté.

Parallèlement, Ban Glyphosate (« interdire le glypohsate » en français), une coalition d’ONG, a également fortement rejeté la conclusion de l’ECHA.

« Une fois de plus, l’ECHA s’est appuyée unilatéralement sur les études et les arguments de l’industrie », a déclaré Peter Clausing, membre de l’organisation, dans un communiqué, ajoutant que l’agence avait rejeté « un grand nombre de preuves à l’appui ».

L’ECHA a toutefois souligné que le comité d’évaluation des risques avait « pris en compte un volume considérable de données scientifiques et plusieurs centaines de commentaires reçus lors des diverses consultations ».

Maintenant que l’avis du comité de l’ECHA a été rendu, c’est à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de donner son évaluation des risques.

Cependant, même si l’approbation actuelle du glyphosate expire à la fin de cette année, celle-ci ne devrait intervenir qu’à l’été 2023 après que l’agence a récemment annoncé un retard dans le processus d’évaluation en raison d’une avalanche de remarques de la part des parties prenantes.

Le rapport de l’EFSA, en comparaison avec l’évaluation de l’ECHA, devrait avoir une portée plus large, couvrant non seulement la classification des risques du glyphosate en tant que substance active, mais aussi des questions plus générales sur les risques d’exposition pour la santé et l’environnement.

L’UE repousse l’évaluation du glyphosate à la mi-2023

En raison d’un afflux sans précédent de contributions, les agences européennes compétentes ont annoncé que leur évaluation des risques liés au glyphosate ne serait effectuée qu’à la mi-2023, même si l’autorisation de l’herbicide expire à la fin de cette année.

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