Des médecins "mercenaires" payés jusqu’à 3000 euros pour une garde de 24h

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Des médecins "mercenaires" payés jusqu’à 3000 euros pour une garde de 24h

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Service d'urgences d'un centre hospitalier
Service d'urgences d'un centre hospitalier
© AFP - Jessica Bordeau / BSIP

Avec la crise que traverse actuellement l’hôpital public, il existe une conséquence de la pénurie du personnel de plus en plus visible : l’intérim explose. Ces "mercenaires" de la santé, comme on les appelle, assurent des vacations qui montent à des prix astronomiques ces derniers mois.

Le recours à l’intérim à l'hôpital ne date pas d’hier mais avec la pénurie actuelle de soignants dans les hôpitaux publics, elle se pratique de plus en plus, dans le privé comme le public. Et parfois, certains hôpitaux ne lésinent pas sur les moyens. En banlieue parisienne, dans certains établissements privés, on propose des gardes de 24 heures à des médecins urgentistes payés 2000 euros net. En Gironde, même tarif mais l’établissement ajoute les frais de déplacement et d’hébergement. À Nancy, pour la même vacation, un médecin sera payé 2500 euros net. Dans un hôpital de Cahors, une agence d’intérim propose jusqu’à, tenez-vous bien, 3000 euros la journée de 24h pour un anesthésiste.

Pour une journée de travail similaire, les médecins hospitaliers seront payés entre 500 et 600 euros. "Il y a des jeunes médecins qui ont fait quelques années à l’hôpital public et qui abandonnent ces postes de médecins hospitaliers pour être mercenaires", confie Guillem Bouilleau, chef du service des urgences à l’hôpital de Chinon. "Ils se disent : 'je vais faire des remplacements, je vais faire mon planning avec mes propres contraintes mais je ne m’engage pas dans l’hôpital public".

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Un décret de 2017 jamais respecté

Il existe bien des textes de loi (un décret de 2017 notamment) pour encadrer le travail intérimaire dans les hôpitaux : 1170 euros la garde de 24 heures pour un médecin. Mais dans les faits, ce montant n’est plus jamais respecté. "Il faut immédiatement réguler ce travail intérimaire avec l’arrêt de ces salaires mirobolants", estime Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. "Il faut dans le même temps revaloriser les gardes hospitalières. L’indemnité de garde pour un praticien hospitalier de 250 euros n’a pas été revalorisée depuis plus de 20 ans. 250 euros, c’est 20 euros de l’heure", ajoute-t-il. "Il ne faut pas exagérer ! Pour quelqu’un qui a fait dix ans d’études, qui est en charge d’une cinquantaine, voire d’une centaine de patients par jour, c’est absolument insuffisant."

Même son de cloche pour Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale des hôpitaux de Marseille : "Il y a des décisions politiques et des décisions des agences régionales de santé (ARS) à prendre pour que ce dumping social entre les cliniques privés et l’hôpital public cesse au plus tôt".

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