L’Iran condamne le prix remporté par l’actrice Zar Amir Ebrahimi au Festival de Cannes 

L’actrice iranienne a été récompensée par le prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Les Nuits de Mashhad, un film perçu comme une insulte dans son pays d’origine. 
LIran condamne le prix remport par lactrice Zar Amir Ebrahimi au Festival de Cannes
Reynaud Julien

« Biaisé et politique. » Ce lundi 30 mai, l’Iran a exprimé, dans un communiqué, son mécontentement en réponse au succès cannois du film Les Nuits de Mashhad. Réalisé par l’Iranien Ali Abbasi et auréolé d'un prix, celui de l'interprétation féminine pour l’actrice Zar Amir Ebrahimi, l’œuvre retrace l’histoire d’un tueur de prostituées, désireux de « nettoyer les rues » de Mashhad, l’une des villes saintes du chiisme, dans le nord-est du pays.

L’Organisation cinématographique de l’Iran, liée au ministère de la Culture, a ainsi déclaré que le Festival de Cannes a « commis un acte biaisé et politique en faisant l’éloge d’un film faux et dégoûtant ». Les Nuits de Mashhad présenterait « une image déformée de la société iranienne et insulte ouvertement les croyances transcendantes des chiites ».

L’Organisation va même jusqu’à établir une comparaison avec Les Versets sataniques de Salman Rushdie, un livre jugé blasphématoire publié en 1988. L’année suivante, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny avait lancé une fatwa en appelant au meurtre de l’écrivain britannique d’origine indienne.

Au moment de recevoir son prix sur la Croisette, Zar Amir Ebrahimi, qui interprète une journaliste enquêtant sur les meurtres à Mashhad, a délivré un puissant discours dans lequel elle a évoqué la réalité de la société iranienne, conservatrice et patriarcale : « Ce film parle des femmes, de leur corps, ce film est rempli de haine, de mains, de seins, tout ce qu’on ne peut montrer en Iran. »