En France l’ascenseur social fonctionne toujours, selon l’Insee

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Une étude de l’Insee parue dans Le Monde montrerait que les mécanismes de reproduction sociale ne seraient plus aussi performants. Les résultats de cette enquête permettraient d’illustrer l’efficacité de l’ascenseur social français.

L’ascenseur social est aussi efficace en Seine-Saint-Denis que dans les Hauts-de-Seine

Le Monde rend compte d’une étude de l’Insee qui tord le cou à un poncif sur la reproduction sociale. L’étude stipule que 72 % des enfants d’origine modeste gagnent mieux leur vie que leurs parents. A contrario 15 % des enfants issus de milieux aisés ont ce qu’on appelle une mobilité sociale descendante. Le Monde n’en croit pas ses yeux et les vieux schémas misérabilistes qualifient l’étude de l’Insee d’originale. Ceci dit il faut affiner les résultats. Selon l’Insee ceux qui ont le plus de chances d’améliorer leurs revenus sont plutôt des hommes, habitant l’île de France et dont l’un des parents est diplômé du supérieur. Si vous êtes une femme vivant dans le Limousin et dont les deux parents n’ont pas le bac, cela devient plus compliqué. Cette étude coupe en deux d’autres clichés. Les enfants d’immigrés ont eux une mobilité ascendante plus forte que la moyenne de 15 % et l’ascenseur social est aussi efficace en Seine-Saint-Denis que dans les Hauts-de-Seine le département le plus riche de France.

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La mobilité ascendante s’y établit dans les deux départements à 19 %. Pourtant une étude de l’OCDE paru en juin 2018 estimait à 6 générations soit 180 ans le temps nécessaires pour un Français d’origine modeste pour parvenir à des revenus moyens. Cela provoqua en son temps les lamentations misérabilistes des médias. Pourtant ce n’était qu’un calcul théorique explique un expert de l’Insee. Le plus amusant dans cette affaire c’est que le directeur de l’Observatoire des inégalités lui-même se félicite des résultats de cette enquête : « Il en conclut que cette étude novatrice montre que l’ascenseur social français n’est pas en panne et que le modèle social à la française est efficace ». Le même directeur qui avec son équipe a identifié les 7 % de personnes riches qui font la une de Libération. 

 

Selon l’Observatoire des inégalités une personne seule est riche à partir de 3673 euros par mois

En effet ce matin les riches font la une de la presse française. Sud Ouest et la Nouvelle République s’interrogent sur les lieux d’habitation des riches. Mais la question du jour est bien en une de Libération : « êtes-vous riche ? » demande le quotidien à ses lecteurs. Le journal annonce à ses lecteurs que selon une étude publiée le 1er juin par l’Observatoire des inégalités une personne seule est riche à partir de 3673 euros par mois. Un couple avec deux enfants obtient ce statut à partir de 7700 euros mensuels après impôts et prestations sociales éventuelles. Cette richesse concernerait donc 7 % de la population soit 4,5 millions de Français. Pour l’Observatoire des inégalités, la richesse c’est aussi le patrimoine. On est riche à partir de 490 000 euros. On est également riche en fonction de là où l’on vit, de la fréquence de ses déplacements et du temps qu’on a pour soi en employant des beaucoup moins riches.

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Un rapport qui sonne la revanche de François Hollande le président qui n’aimait pas les riches et qui estimait en 2011 la richesse à partir de 4000 euros mensuels. Pour Dov Alfon patron de Libération, ce rapport est une petite bombe. Il permet d’éviter la focalisation démagogique sur les ultra-riches pour s’intéresser de près à ces 7 % de Français souvent plus âgés et souvent retraités qui pourraient être taxés davantage sait-on jamais. Cela tombe bien ils ne votent pas à gauche. Haro donc sur la classe moyenne qui n’est pas dans la moyenne. Ce rapport pourra être utilisé pour ceux qui voudront justifier de nouvelles ponctions fiscales au nom d’une meilleure redistribution des richesses. Une étude qui donnera des arguments à ceux qui veulent réduire les inégalités mais dont les politiques finissent souvent par redistribuer la pauvreté.

 David Abiker 

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