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«God save the King»: cet hymne que le Royaume-Uni doit... à la France

Au XVIIe siècle, «Grand Dieu sauve le Roi» est entonné à la cour de Versailles. www.bridgemanimages.com/Bridgeman Images

Après les funérailles d’Elizabeth II, les britanniques n’entonneront plus «God save the Queen» mais «God save the King». Connaissez-vous l’origine de cet hymne?

Remontons au Grand Siècle. Janvier 1686, le roi Louis XIV tombe malade. Son premier médecin lui diagnostique une fistule anale causée par une plume de carrosse... disons-le, mal placée. Pendant des mois l’inquiétude gagne la cour de Versailles. Le souverain refuse une intervention risquée, jusqu’ici jamais réalisée, à laquelle il décide finalement de se soumettre. En novembre, le miracle opère. Non sans souffrance, le Roi est sauf ; l’opération est une réussite.

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Pour fêter ce succès, les élèves du pensionnat de jeunes filles de Saint-Cyr et leur supérieure Madame de Brinon, rédigent un poème ce, afin de soutenir Louis XIV dans sa convalescence. Mis en musique par Jean-Baptiste Lully, le cantique «Grand Dieu sauve le Roi» naît. Il s’invite alors dans toutes les bouches.

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Deux thèses s’opposent

De «Grand Dieu sauve le Roi» à «God save the King», il n’y a qu’un pas(teur). Son nom, Henry Carey. En 1714, le compositeur officiel de la couronne britannique, Georg Friedrich Haendel, séjourne à Versailles. La chanson de Lully y résonne toujours. Subjugué, Haendel s’approprie la musique, fait adapter le texte en anglais par Carey et le soumet au roi George Ier, ainsi que le relève Stéphane Bern dans Les Pourquoi de l’Histoire (Albin Michel).

«Vive le Roi / A lui la victoire / Bonheur et gloire» devient «Long life our noble King / Send him victorious / Happy and glorious». La musique est dorénavant jouée partout où se rend le couronné outre-Manche et l’hymne devient national en 1745. Au fil des ans, il adaptera son texte en fonction du genre du monarque au pouvoir.

Tout ceci est une hypothèse. Mais il en existe une autre, comme l’a expliqué Jean-Noël Fabiani, historien de la médecine, à l’antenne de France Inter. En 1688, Jacques II, déchu lors de la Glorieuse Révolution anglaise, part s’exiler à Saint-Germain-en-Laye. Il se serait ému d’entendre à Versailles l’hymne en hommage à son cousin et aurait décidé de le faire sien une fois son trône retrouvé... Ce qui n’arriva jamais malgré plusieurs tentatives. En 1745, à l’issue d’une ultime opération menée par son petit-fils Charles Édouard Stuart, accompagné des partisans de la maison Stuart, George II, victorieux, aurait alors décidé de s’emparer de l’hymne de ses ennemis les jacobites pour s’imposer.

De Bardot aux Sex Pistols

En 1969, c’est non sans rancune que Jean-Marie Rivière et Gérard Bourgeois composent pour Brigitte Bardot, alors porte-drapeau de la France, «Le Diable est Anglais», courte chanson dont la mélodie calquée sur le célèbre cantique vantant les mérites du roi, sert un propos quelque peu revanchard envers les Anglais.

Bien moins tranchant que notre «Marseillaise», «God save the Queen» n’en est pas moins révolutionnaire. En 1977, à l’occasion du jubilé d’argent de la reine Elizabeth II, une version du titre chantée par le groupe punk-rock britannique les Sex Pistols offense Sa Majesté. La chanson comparant la monarchie à un régime fasciste, elle est bannie des ondes de la radio nationale, mais s’affiche en tête des ventes dans tout le Royaume-Uni.


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3 commentaires
  • anonyme

    le

    Une fistule ano-rectale française à l’origine de l’hymne national britannique ! On a vengé Jeanne d’Arc. « Honni soit qui mal y pense » ont-ils répondu avec l’accent british, mais on sait depuis Clémenceau, que l’anglais n’est jamais que du français mal prononcé.

  • Heretique

    le

    De la grande popularité a été rendu au hymne God Save the King/Queen par son adoption en Allemagne, Gott schütze den Kaiser, et en Russie, Bozhe Tsarya Khrani Боже Царя Храни. Cet appel à Dieu n'a pas prévenu le renversement de la monarchie dans ces deux derniers pays.

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