Dix mois de prison ferme pour la femme qui avait agressé un pompier lors du 1er-Mai à Paris

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Dix mois de prison ferme pour la femme qui avait agressé un pompier lors du 1er-Mai à Paris

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L'image de cette femme au casque orange s'en prenant à un pompier avait été amplement relayée et commentée
L'image de cette femme au casque orange s'en prenant à un pompier avait été amplement relayée et commentée
© AFP - Alain Jocard

Lors de la manifestation parisienne du 1er-Mai, Hager A. avait été filmée en train de tenter d'arracher à un pompier sa lance à incendie, avant de lui asséner deux coups sur la tête. Jugée ce mercredi 1er juin, elle n'était pas présente à l'audience.

L'image avait été l'une des plus commentées de la manifestation du 1er-Mai à Paris. Casque orange et sac rouge sur le dos, une soignante bénévole s'en prenait à un pompier, tentant de lui arracher sa lance à incendie avant de lui asséner deux coups sur la tête. Placée en garde à vue, jugée en comparution immédiate, Hager A., 38 ans, avait obtenu un renvoi de son procès le 4 mai dernier. Ce mercredi 1er juin, l'ancienne infirmière a été condamnée à 10 mois de prison ferme.

Lors de sa première comparution devant le tribunal, il y a deux mois, cette formatrice dans le domaine de l'hygiène, salariée en CDI, avait évoqué, au bord des larmes, une grande fragilité psychologique, décrivant les suites de son arrestation, la pression médiatique, et une histoire très dure avec son frère. Ce mercredi, elle ne s'est pas présentée à l'audience.

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Urgences psychiatriques

Ses deux avocates ont réclamé un renvoi, faisant savoir que leur cliente, avec qui elles avaient eu un rendez-vous la veille, s'était rendue aux urgences psychiatriques après plusieurs crises d'angoisse. Hager A., ont-elles expliqué, s'est vu prescrire un arrêt de travail jusqu'à la fin de la semaine.

Le pompier agressé par la trentenaire se trouvait quant à lui à l'audience. "Elle m'a dit à plusieurs reprises 'on va vous défoncer comme en 2019'", en référence au mouvement des Gilets Jaunes, a-t-il témoigné devant le tribunal. Son avocat a réclamé que la prévenue soit jugée. Même demande du côté du procureur, qui a évoqué une volonté manifeste de la prévenue de ne pas être jugée et estimant que les certificats médicaux délivrés par les urgences ne suffisaient pas.

Une demande de renvoi rejetée par le tribunal

Au bout de trois minutes de délibérations, le tribunal a refusé de renvoyer l'audience à une date ultérieure. Les deux avocates de la défense, Aïnoha Pascual et Alice Becker ont alors quitté la salle, estimant qu’elles n’avaient pas été mandatées pour aller plus loin, avant de revenir quinze minutes plus tard avec un représentant du conseil de l’ordre des avocats. Mais cela n’a rien changé.

Martelant que rien ne justifiait cette agression, que les incendies auraient pu faire des victimes dans les immeubles si les pompiers n'étaient pas intervenus très vite, le ministère public a requis 8 mois de prison. Le tribunal est allé plus loin, avec une peine de dix mois d'emprisonnement. Hager A. devra verser 700 euros au pompier au titre du préjudice moral, et un euro au préfet de police.

Un jugement "aberrant" pour les avocates de la défense. "Nous sommes effarées par cette décision qui va au-delà des réquisitions du procureur", a réagi Me Aïnoha Pascual. "Il y a une jurisprudence de la cour de cassation qui est très claire : le renvoi doit être ordonné lorsque le prévenu n’est pas en état psychologique de comparaître, ce qui était le cas de notre cliente." La défense a annoncé faire appel.

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