Si rien n’est fait, l’humanité produira trois fois plus de déchets plastiques en 2060

Les centaines de millions de tonnes de déchets produits chaque année se retrouvent dans les océans, la banquise, le corps des humains et des animaux, jusqu’au sommet des montagnes.

Des bouteilles et emballages plastiques entassés dans un container à Albi.

Des bouteilles et emballages plastiques entassés dans un container à Albi. ERIC CABANIS / AFP

La production et les déchets plastiques vont fortement augmenter d’ici à 2060, même si des mesures d’encadrement fortes sont prises au niveau mondial, avertit ce vendredi 3 juin l’OCDE, alors que l’ONU a récemment lancé des négociations pour lutter contre cette pollution.

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Si rien n’est fait, la production de plastique va quasiment tripler par rapport à 2019, de 460 millions de tonnes à 1 231 millions de tonnes, et celle des déchets plastiques augmenter dans les mêmes proportions, de 353 à 1 014 millions de tonnes, selon ce rapport sur les « perspectives mondiales des plastiques : scénarios d’action à l’horizon 2060 ».

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L’ONU a lancé début mars les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique, fléau qui menace l’environnement et contribue à l’effondrement de la biodiversité. Mais la mise au point d’un texte n’est pas attendue avant 2024. Les centaines de millions de tonnes de déchets produits chaque année, qui se dégradent en microplastiques, sont retrouvés dans tous les océans du globe, dans la banquise, dans le corps des humains et des animaux, et même dans de l’air prélevé au sommet de montagnes.

Deux scénarios

L’OCDE évalue deux scénarios avec des mesures renforcées portant sur l’entièreté du cycle de vie des plastiques (production/utilisation/recyclage ou élimination), comme le prévoit le mandat des négociateurs du futur traité international.

Le premier scénario « d’action régionale » prévoit des engagements différenciés par pays, avec des mesures plus ambitieuses pour ceux de l’OCDE, plus riches. Le deuxième, « d’ambition mondiale », envisage « un ensemble de mesures très rigoureuses destiné à réduire les rejets mondiaux de plastiques à un niveau proche de zéro à l’horizon 2060 ». Mais même dans ces deux scénarios, l’utilisation des plastiques et la production de déchets connaissent une forte augmentation.

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En « action régionale », la production de plastiques passe de 460 Mt à 1 018 Mt (soit 17 % de moins que le niveau prévu si rien n’est fait) et celle de déchets grimpe de 353 Mt à 837 Mt (également -17 %). Seules les quantités de « déchets mal gérés » et des « rejets de plastique » dans l’environnement baisseraient en valeur absolue par rapport au niveau de 2019.

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Des stocks en milieu aquatiques multipliés par trois

Le volume de déchets mal gérés passerait de 79 millions de tonnes en 2019 à 59 millions de tonnes en 2060 dans le scénario régional et à 6 millions de tonnes dans le scénario mondial, contre une augmentation à 153 millions de tonnes si rien n’est fait. Les rejets dans la nature diminueraient de 22 millions de tonnes à 20 millions de tonnes dans le scénario régional et à 6 millions de tonnes dans le scénario mondial, contre une augmentation à 44 millions de tonnes sans aucune mesure.

Si rien n’est fait, les stocks déjà accumulés dans les milieux aquatiques seraient multipliés par trois pour les cours d’eau et lacs (109 à 348 millions de tonnes) et par près de cinq dans les océans (30 à 145 millions de tonnes).

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L’OCDE estime que les deux scénarios de réduction pourraient être mis en œuvre « pour un coût relativement modeste rapporté au PIB ». L’action régionale entraînerait une réduction de « seulement 0,3 % » du PIB mondial par rapport au scénario « de référence », sans aucune action de limitation. Mais avec de fortes disparités régionales, les principaux perdants étant l’Afrique subsaharienne (1,1 %) et les pays de l’Union européenne non-membres de l’OCDE (1,8 %). Le scénario « d’ambition mondiale » réduirait de son côté le PIB mondial de 0,8 % par rapport au scénario de référence, « ce qui montre une fois de plus que les politiques publiques ont un coût économique assez limité », souligne l’OCDE.

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