Pour ceux qui y ont assisté, le Sommet de Stockholm du 5 au 16 juin 1972 mélangeait des effluves de guerre froide et de risques d’Armageddon nucléaire mâtiné des parfums de la vague hippie finissante, des odeurs contestataires du très iconoclaste "rapport Meadows" posant que les limites de la Terre étaient finies, le tout épicé par l’amoncèlement de catastrophes environnementales jamais vues jusqu’ici : marées noires, accidents industriels, pollutions délétères de l’atmosphère et des eaux. Le sommet est donc l’occasion de proclamer pour la première fois "le besoin d’une vision commune et de principes partagés pour inspirer et guider les peuples du monde dans la préservation et l’amélioration de l’environnement humain".
Une déclaration solennelle et un plan d’action sont issus de ces 15 jours de négociations menées par les diplomates et ministres des Etats sous l’œil vigilant et contestataire des ONG, selon un schéma que reproduisent aujourd’hui les COP sur le climat et la biodiversité. La relecture, un demi-siècle plus tard, des 26 principes de la déclaration et des 109 recommandations du plan d’action, montre que le diagnostic était déjà bien posé, et les nécessaires transformations pour infléchir la trajectoire économique, sociale et environnementale de l’humanité parfaitement définies. Ainsi de ce constat qui ouvre le texte : "dans la longue et tortueuse évolution de l’espèce humaine sur cette planète, un palier a été atteint quand, avec la rapide accélération de la science et de la technologie, l’Homme a acquis le pouvoir de transformer son environnement de multiples façons et à une échelle jamais vue". 28 ans plus tard, Paul Joseph Crutzen et Eugène Stoermer façonnaient le terme d’anthropocène, concept qui englobe entièrement ce constat.
Les bases du développement durable sont définies à Stockholm
Quel enseignement en tirer ? "Un tournant a été atteint dans l’histoire depuis que nous devons soumettre nos actions à travers le monde à une attention plus prudente portée à leurs conséquences environnementales. A cause de l’indifférence et de l’ignorance, nous pouvons faire des dommages massifs et irréversibles sur l’environnement terrestre dont dépend notre vie et notre bien-être", écrit la communauté des Etats. La protection de la planète devient ainsi une obligation pour les générations présentes afin d’accorder aux générations suivantes un futur vivable. C’est la base du développement durable, terme défini en 1988 par le rapport "notre avenir à tous" de la commission onusienne présidée par Gro Harlem Brundtland, première ministre de Norvège de l’époque.
Pour atteindre ce but, le texte précise qu’il exigera l’assentiment éclairé et l’implication responsable des citoyens, des collectivités, des entreprises, des administrations à tous les niveaux. Le plan d’action pose les bases d’une action multilatérale qui transcende les intérêts de chaque Etat.
Pour ceux qui y ont assisté, le Sommet de Stockholm du 5 au 16 juin 1972 mélangeait des effluves de guerre froide et de risques d’Armageddon nucléaire mâtiné des parfums de la vague hippie finissante, des odeurs contestataires du très iconoclaste "rapport Meadows" posant que les limites de la Terre étaient finies, le tout épicé par l’amoncèlement de catastrophes environnementales jamais vues jusqu’ici : marées noires, accidents industriels, pollutions délétères de l’atmosphère et des eaux. Le sommet est donc l’occasion de proclamer pour la première fois "le besoin d’une vision commune et de principes partagés pour inspirer et guider les peuples du monde dans la préservation et l’amélioration de l’environnement humain".
Une déclaration solennelle et un plan d’action sont issus de ces 15 jours de négociations menées par les diplomates et ministres des Etats sous l’œil vigilant et contestataire des ONG, selon un schéma que reproduisent aujourd’hui les COP sur le climat et la biodiversité. La relecture, un demi-siècle plus tard, des 26 principes de la déclaration et des 109 recommandations du plan d’action, montre que le diagnostic était déjà bien posé, et les nécessaires transformations pour infléchir la trajectoire économique, sociale et environnementale de l’humanité parfaitement définies. Ainsi de ce constat qui ouvre le texte : "dans la longue et tortueuse évolution de l’espèce humaine sur cette planète, un palier a été atteint quand, avec la rapide accélération de la science et de la technologie, l’Homme a acquis le pouvoir de transformer son environnement de multiples façons et à une échelle jamais vue". 28 ans plus tard, Paul Joseph Crutzen et Eugène Stoermer façonnaient le terme d’anthropocène, concept qui englobe entièrement ce constat.
Les bases du développement durable sont définies à Stockholm
Quel enseignement en tirer ? "Un tournant a été atteint dans l’histoire depuis que nous devons soumettre nos actions à travers le monde à une attention plus prudente portée à leurs conséquences environnementales. A cause de l’indifférence et de l’ignorance, nous pouvons faire des dommages massifs et irréversibles sur l’environnement terrestre dont dépend notre vie et notre bien-être", écrit la communauté des Etats. La protection de la planète devient ainsi une obligation pour les générations présentes afin d’accorder aux générations suivantes un futur vivable. C’est la base du développement durable, terme défini en 1988 par le rapport "notre avenir à tous" de la commission onusienne présidée par Gro Harlem Brundtland, première ministre de Norvège de l’époque.
Pour atteindre ce but, le texte précise qu’il exigera l’assentiment éclairé et l’implication responsable des citoyens, des collectivités, des entreprises, des administrations à tous les niveaux. Le plan d’action pose les bases d’une action multilatérale qui transcende les intérêts de chaque Etat. L’air, l’eau, les océans, les ressources provenant de la nature (aliments, matières) sont considérés comme des biens communs. Les relations entre les pays développés et ce qui est encore appelé le "tiers monde" doivent être plus égalitaires et surtout les plus riches doivent aider les plus pauvres. Une première méthode d’entraide portant sur l’assistance scientifique, les transferts de technologie, la réalisation des infrastructures nécessaires, le partage des savoirs et l’évaluation des actions entreprises est posée sur le papier. Il ne manque que l’arsenal de la lutte contre le changement climatique qui n’a pas encore été détecté par les scientifiques. Il le sera officiellement en 1979 par la remise du rapport Charney au Sénat américain. Et le groupement intergouvernemental des experts sur le climat (GIEC) sera créé en 1988. La structure née à Stockholm, c’est le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) que d’infructueux efforts diplomatiques tenteront par la suite de transformer en organisme onusien à part entière. Un programme ne bénéficie pas en effet d’un financement obligatoire des Etats membres mais dépend à 95% des contributions volontaires de quelques-uns au contraire de l’Unesco, de l’Unicef ou de l’OMS par exemple.
La décennie qui vient est présentée comme "cruciale"
Cinquante ans plus tard, "Stockholm +50" se déroule sous la bannière "une planète saine pour la prospérité de tous, notre responsabilité, notre chance" qui aurait pu être celle de 1972. Entre deux conférences sur le climat (Glasgow en novembre 2022 et Charm-el-Cheikh, Egypte en 2023) et une à venir sur la biodiversité prévue en Chine à une date encore inconnue, la manifestation de Stockholm n’entre pas dans un cadre régulier de négociation internationale. C’est un rassemblement qui entend reprendre les grands principes de 1972 mais avec un immense sentiment d’urgence. Durant ces 50 dernières années, les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter, la pollution d’affecter l’air et l’eau et l’érosion de la biodiversité s'accentue, selon le rapport de l’Ipbes remis en 2019.
Présent à Stockholm, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres appellera donc à l’urgence d’agir pour remplir des engagements vieux d’un demi-siècle. "Nous avons besoin d’actions courageuses", plaide sans relâche l’actuelle directrice exécutive du PNUE Inger Andersen. Pour la diplomatie internationale mais aussi pour les ONG environnementales qui devraient être très présentes à Stockholm, nous sommes dans la "décennie de l’action" où devront se réaliser l’accord de Paris sur le climat, l’agenda post-2020 de préservation de la biodiversité avec notamment l’objectif de stopper les disparitions d’espèces animales et végétales d’ici 2030, et enfin les objectifs du développement durable (ODD) qui ont pour ambition d’améliorer la santé et le bien-être global de plus de 7 milliards d’humains.