L’accord passe mal, certains arbitrages pas du tout. Jean-Luc Mélenchon doit en partie son score élevé au premier tour de l’élection présidentielle aux suffrages des habitants des quartiers populaires. Un soutien – trop – vite oublié et surtout – trop – peu récompensé selon nombre de militants de terrain, qui déplorent une alliance dont ils ne voulaient pas et le manque de diversité parmi les candidats investis aux législatives par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
Le collectif On s’en mêle, un « réseau national d’acteurs des quartiers populaires » lancé en mars en soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, a exprimé sa colère et sa déception deux mois seulement après sa création, à Stains (Seine-Saint-Denis), lors d’une « assemblée nationale des quartiers populaires », dénonçant des logiques d’appareils qui s’imposent, selon eux, à leur détriment.
« L’élection présidentielle a montré que les quartiers populaires ne sont pas politiquement déserts, ce sont des quartiers politiques, martèle l’un des fondateurs du collectif, Omar Slaouti, enseignant dans un lycée à Argenteuil (Val-d’Oise) et militant historique. Nous avions appelé à voter Mélenchon sans rien exiger en retour, mais il aurait été cohérent et souhaitable que les quartiers soient représentés lors de ces élections. Force est de constater que ce n’est pas le cas. »
Et le collectif de citer notamment la désillusion du militant La France insoumise (LFI) Djamel Arrouche dans la 11e circonscription du Val-de-Marne (Arcueil, Cachan, Villejuif), où la candidature de la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Sophie Taillé-Polian a été retenue. Ou encore le « parachutage », dans la 2e circonscription du département (Orly, Créteil-Sud, Choisy-le-Roi), de l’ancienne secrétaire générale du groupe LFI à l’Assemblée nationale Clémence Guetté.
« Encore un coup manqué »
Dès le début du mois de mai, certains élus et acteurs associatifs de banlieue alertaient sur le risque d’« invisibilisation » des représentants des quartiers par des « parachutages » qui n’ont « aucun sens pour les électeurs ». Le coup de gueule était ainsi formulé dans un appel intitulé « Législatives et quartiers populaires : ni supplétifs, ni suppléants ! ». Lancé à l’initiative de deux militants écologistes de l’Essonne, Steevy Gustave (conseiller municipal à Brétigny-sur-Orge) et Sami Adili (conseiller municipal à Viry-Chatillon), il a recueilli la signature de plus d’une centaine d’élus issus d’EELV, du Parti socialiste, du Parti communiste, de LFI, de Génération.s ou encore du Parti radical de gauche. Ensemble, ils déplorent une distribution qui ressemble davantage à une « opération de sauvetage des cadres des partis » qu’à un juste retour de l’implication locale.
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