Comme tous les professeurs allemands, Sarah Guth enseigne plusieurs matières – en l’occurrence le français et la biologie. Mais à l’institut Fritz Schubert d’Heidelberg, l’enseignante se forme à tout autre chose. Elle partage avec ses pairs des anecdotes personnelles, évoque ses faiblesses. L’objectif de l’exercice : apprendre à s’ouvrir aux autres et à mieux se connaître. Et après douze semaines de formation continue, être en mesure de “donner des cours de bonheur”.

Depuis 2009, “près de 2 000 enseignants et professeurs en devenir se sont formés” à la discipline en Allemagne, en Autriche et en Suisse, affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Tous n’animent pas un cours spécifique, car “le bonheur n’est enseigné que dans 200 écoles en tant que matière à part entière”. Mais beaucoup l’intègrent à leurs classes d’éthique ou de philosophie. D’autres militent pour le développement d’un enseignement à part entière plus généralisé, qui représente pour eux “une méthode d’apprentissage et une culture pédagogique différentes”.

Accompagner les adolescents

À Francfort, certains établissements, comme l’école alternative IGS Süd, proposent déjà cette option. L’institution donne la possibilité aux élèves volontaires de suivre des cours de bonheur dès la quatrième. “La puberté est à la fois l’ennemi juré de l’idéalisme et une boîte à outils très riche”, affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans cette optique, les enseignants tentent d’aider les jeunes à surmonter leurs inhibitions et à se livrer. Pour cela, ils les font travailler en petits groupes ou leur demandent de raconter les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien.

Comme dans les cours classiques de mathématiques ou de langues, les professeurs de bonheur donnent des notes, à partir d’une méthode élaborée par l’institut Fritz Schubert et par des professionnels de l’éducation, de la santé et du sport. “Au lieu de contrôles de vocabulaire et de devoirs sur table, l’institut suggère que les élèves décrivent ce qu’ils ont appris dans leurs cours de bonheur et travaillent à un ‘projet joyeux’ sur le sujet de leur choix”, relate le quotidien allemand.

L’objectif n’est pas d’être “plus heureux” ou de quantifier le bien-être que l’on éprouve, mais de s’affirmer en tant qu’individu. “Pour moi, faire entrer le bonheur dans le programme scolaire implique de considérer tous les élèves dans leur individualité et de les accompagner de façon personnalisée, et ce dans toutes les matières”, conclut une enseignante dans les pages du journal de Francfort.